Formation professionnelle : le boom de l’apprentissage se confirme, s’amplifie et pose question – Sud Ouest

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« Le Piment des palettes », c’est un drôle de nom pour une toute jeune société bretonne. Un jeu de mots qui fait plus facilement mouche au Pays basque qu’à Theix-Noyalo, dans le Morbihan. Mais ce nom, Stéphane Oudar ne l’a pas choisi par hasard, il est le symbole d’une reconversion originale et géographique.
En effet, s’il est aujourd’hui à la tête d’une menuiserie spécialisée dans le travail du bois de récupération, principalement à base de palettes, Stéphane, diplômé d’une école de commerce a passé l’essentiel du début de sa vie professionnelle à négocier des vins et…
En effet, s’il est aujourd’hui à la tête d’une menuiserie spécialisée dans le travail du bois de récupération, principalement à base de palettes, Stéphane, diplômé d’une école de commerce a passé l’essentiel du début de sa vie professionnelle à négocier des vins et spiritueux, principalement dans le bordelais. « Longtemps pour moi, travailler le bois, matière que j’adore, était une activité de fin de semaine. »
Mais les difficultés de la société bordelaise qui l’emploie le poussent vers la porte de sortie, « dans de bonnes conditions, sous la forme d’un plan de sauvegarde de l’emploi », précise-t-il, et lui font prendre conscience qu’il vaut mieux avoir un métier qu’un emploi.
« Un emploi, cela peut se perdre. Un métier, jamais ! » assure-t-il. C’est à la Philomathique de Bordeaux, école des métiers d’arts pour adultes qu’il a pris ses cours et passé son CAP. « Tous les élèves de mon cours étaient en reconversion, tous ! Il y avait du chef de rayon chez Lidl, du web développeur, du cadre bancaire, dentiste, commerçant… Nous cherchions tous une nouvelle vie professionnelle », explique celui qui n’a mis que trois mois pour la trouver. « Au bout de trois mois d’activité, sans pub, j’ai rempli mon carnet de commandes pour des mois. L’attente est forte. »
Forte à l’image de la progression du nombre de contrats d’apprentissage signés ces deux dernières années en France. Le chiffre record (510 300 contrats d’apprentissage) établi en 2020 n’aura tenu qu’un an. Effacé par la progression de + 37 % enregistrée en 2021 avec 718 000 contrats d’apprentissage. 618 000 concernent des entreprises du secteur privé, le reste concernant le public.
La progression du nombre de contrats d’apprentissage résulte en partie de la réforme de 2018 (« Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ») qui a facilité la création de centres d’apprentissages, qui sont passés de 1 200 en 2018 à 3 700 aujourd’hui. Mais il ne faut pas négliger l’énorme impact des incitations financières mises en place en direction des employeurs par le gouvernement actuel. Des incitations qui rendent quasi indolore financièrement pour l’employeur l’intégration d’un apprenti grâce à la prime exceptionnelle d’aide à l’embauche de 8 000 à 5 000 euros (en fonction d’un critère d’âge) et l’aide unique à l’embauche qui s’élève à 4 125 euros la 1re année, puis 2 000 euros la 2e année, puis 1 200 euros les 3e et 4e années. Mais pas seulement. « La révolution de l’apprentissage tient au fait que son développement concerne tous les niveaux de diplômes », assure Élisabeth Borne.
De fait, cette hausse reste très largement portée par l’enseignement supérieur qui représente 62 % des contrats d’apprentissage signés.
En scrutant les chiffres de la Dares, service statistique du ministère du Travail, on se rend compte que les diplômes ne profitent pas tous autant de ce boom. Selon les données de la Dares, les apprentis préparant un CAP représentent seulement 25 % des contrats signés en 2021, une proportion en recul depuis plusieurs années. Les formations en apprentissage pour les bac +3 ou plus sont dans la dynamique inverse. Elles ont décollé dans le même temps de 40 % entre 2020 et 2021.
Ces chiffres 2020 montrent que six jeunes sur dix sont employés six mois après la fin de leur apprentissage mais l’apprentissage ne doit pas rater sa cible privilégiée : les jeunes non titulaires d’un bac. Le député LR des Vosges Gérard Cherpion, rapporteur de l’évaluation de la loi de 2018, rappelait dernièrement dans les pages de « Capital », « qu’une attention particulière doit être apportée sur l’orientation des publics non-bacheliers vers la transmission des savoir-faire professionnels à l’instar des métiers de l’artisanat, gages de perspectives de carrière ».
Le succès de l’apprentissage se bâtit sur le recul du nombre de contrats de professionnalisation, surtout depuis que le contrat d’apprentissage est ouvert jusqu’à 29 ans. Dommage, car ces derniers proposent des formations courtes aux 16-25 ans, aux demandeurs d’emploi de plus de 26 ans garantissant un retour plus rapide à l’emploi.
Il faudra sans doute corriger cela car en matière de formation par l’alternance, la quantité, c’est bien mais la qualité se doit d’être au rendez-vous.

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