Quand le numérique réinvente la formation professionnelle – Capital.fr

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Auparavant salarié, Bruno Sola garde un mauvais souvenir des formations qu’il a suivies. «Je me suis ennuyé. L’intervenant se contentait de dérouler des slides.» En 2007, il crée Bizness, avec l’envie de dépoussiérer la formation professionnelle. «Pour la rendre attractive, nous utilisons plusieurs canaux : la vidéo, les podcasts, des jeux, des quiz, etc. In fine, 92% des salariés déclarent mieux apprendre et y prendre plus de plaisir.» Bizness a réalisé l’an dernier 18 millions d’euros de chiffre d’affaires. De fait, le gâteau est alléchant : selon le ministère du Travail, 26 milliards d’euros sont consacrés chaque année à la formation professionnelle continue et à l’apprentissage.
Encore minoritaires, les edtechs commencent à s’inviter au banquet : «Leur chiffre d’affaires cumulé a dépassé 650 millions d’euros en 2019, dont plus de la moitié pour la formation professionnelle, devant l’enseignement supérieur et scolaire», précise Anne-Charlotte Monneret, déléguée de l’association EdTech France. «Les entreprises ont encore d’énormes possibilités de croissance», ajoute Marie-Christine Levet, fondatrice d’Educapital, un fonds spécialisé qui gère quelque 47 millions d’euros.
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Parmi les innovations proposées figure la réalité virtuelle. D’abord liée aux jeux vidéo, cette technologie se révèle idéale pour former les salariés. «Elle leur fait vivre une expérience concrète. Prenons, par exemple, un exercice de sécurité incendie : nous avons recréé des simulations de départs de feu que l’apprenant, casque sur la tête, doit neutraliser. Il effectue aussi l’évacuation des personnes dans une mise en situation très réaliste. C’est utile partout où la précision du geste compte», souligne Alisson ­Foucault, fondatrice d’UniVR Studio (500.000 euros de chiffre d’affaires l’an dernier), qui travaille avec Sanofi, la SNCF et ID Logistics.
La réalité virtuelle est également utilisée pour des entraînements immersifs face à un «agent conversationnel». C’est la proposition de Pitchboy, qui travaille­ avec une trentaine de grands comptes et réalise un chiffre d’affaires approchant le million d’euros. «Chez Renault, par exemple, l’apprenant est placé virtuellement dans une concession automobile. Son interlocuteur, un avatar, réagit selon ce qu’il dit. Cela le confronte à une situation pratique et favorise un ancrage émotionnel et mémoriel», détaille Homéric de Sarthe, le fondateur. Des hard aux soft skills, les applications sont innombrables.
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Deuxième innovation clé du secteur, l’intelligence artificielle permet de personnaliser les leçons. «Le pourcentage d’apprenants qui suivent un Mooc jusqu’au bout, appelé “taux de complétion”, est aujourd’hui de 7% à peine, car il n’est pas adapté au parcours et au niveau de chacun», constate Benoit Praly, fondateur de Domoscio (1 million d’euros de chiffre d’affaires), qui jauge chaque «élève» grâce à l’IA afin d’émettre des propositions de formations personnalisées correspondant à ses atouts et à ses lacunes. La start-up Woonoz fonctionne sur le même principe. «En analysant les réponses d’une personne, notre IA évalue ses connaissances, puis lui organise un apprentissage sur mesure, en cherchant le bon espacement des barreaux de l’échelle, pour qu’elle puisse monter sans difficulté et sans s’ennuyer», raconte Fabrice Cohen, le fondateur. Selon l’individu, le système propose des révisions ciblées sur les notions manquantes. Les combinaisons sont infinies. Woonoz revendique un taux de complétion de plus de 80% et 12 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Le mobile learning, de son côté, promet un apprentissage facile, flexible et toujours accessible. «Le fait que les contenus soient disponibles à chaque instant est une vraie valeur ajoutée. Ouvrir une appli sur son smartphone est une action simple et quotidienne. Plus besoin de se mettre devant son ordinateur pendant des heures pour apprendre», se réjouit Morgan Laupies, fondateur de Beedeez (2 millions d’euros de CA), qui en a fait sa spécialité. La technique est encore plus efficace si l’on couple mobile et micro learning, qui consiste à découper le cours en petits morceaux à picorer. «Notre pari est de casser le standard du marché, qui consistait à vendre des jours de formation, souligne ainsi David Reymond, directeur associé de SkillsDay (3,3 millions d’euros de CA). Mieux vaut apprendre de façon répétée avec des modules brefs et ludiques.»
Pour La Poste, par exemple, il a repensé une formation sur la lutte contre le blanchiment d’argent : «Nous avons transformé ce cours long et peu interactif en micro learning, avec l’histoire d’un détective cherchant des indices à travers une vingtaine d’activités pédagogiques de deux à trois minutes chacune.» Les apprenants ont joué le jeu et acquis les notions nécessaires.
Toutes ces technologies ont bien évidemment bénéficié de l’énorme coup de projecteur lié au passage au télétravail de mars 2020. «Les entreprises ont basculé très rapidement vers le numérique. Nous avons gagné cinq ans en termes d’usage, se félicite Yannick Petit, CEO d’Unow, edtech consacrée à la formation aux soft skills. En 2018, la réforme de la formation professionnelle avait ouvert l’accès à des financements publics. Et le lancement de l’application du Compte personnel de formation, fin 2019, a simplifié les démarches des particuliers.» Créée en 2013, Unow a réalisé 6 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier. Comme l’ensemble du secteur, elle compte bien poursuivre sa trajectoire ascendante.
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