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FOCUS – Depuis plus d’une semaine, la Guadeloupe et la Martinique sont en proie à des violences urbaines. Outre les questions sanitaires, de nombreux griefs profonds et historiques sont évoqués par les syndicats et les élus locaux pour expliquer la colère des habitants des îles.
En une semaine, la mobilisation contre l’obligation vaccinale et la suspension de postes de soignants est montée d’un cran. Les barrages autoroutiers se sont transformés en incendies, des tirs à balles réelles sur les véhicules de gendarmes ont été rapportés, ainsi que des pillages de banques et de magasins alimentaires. Des armes de guerre ont également été dérobées dans les locaux de la douane à Pointe-à-Pitre. Si tout part de revendications sanitaires, d’autres griefs historiques profonds reviennent sur la table.
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En effet, les mouvements à la tête des mobilisations ainsi que les élus locaux mettent en avant différents motifs de colère : l’inégalité sociale renforcée par la crise sanitaire, le chômage des jeunes, les conditions de vie, la défiance après le scandale du chlordécone ou encore la baisse pouvoir d’achat. Le Figaro s’est intéressé à ces différents motifs et revendications, avec le spécialiste des Outre-mer, le professeur Olivier Sudrie, maître de conférences à l’Université Paris-Saclay.
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Tout d’abord, le préavis de grève réclame une hausse des salaires et des minima sociaux, qui connaît de larges inégalités sociales qui ont été renforcées par la crise sanitaire. Que ce soit en Guadeloupe ou en Martinique, d’après le professeur Sudrie, il est possible de retrouver d’un côté de la population les salariés, du privé ou du public, et de l’autre les «out» – en opposition au «in» -, de nombreux actifs qui ne sont pas déclarés. Les salariés du secteur public n’ont pas particulièrement été touchés par la crise sanitaire, et ont continué à percevoir leur salaire, «qui est de 30 à 40% supérieur qu’en métropole», fait savoir le professeur Olivier Sudrie. Les salariés du secteur privé, plus touchés par la crise, ont quant à eux eu accès au dispositif national, comme le chômage partiel, par exemple.
A contrario, les «out» ont particulièrement été touchés par la crise Covid-19. S’ils passent en général sous les radars des statistiques et des études de l’INSEE, ces derniers appartiennent «à une économie invisible mais bien réelle», poursuit Olivier Sudrie. Pendant le Covid-19, n’étant pas déclarés, ils n’ont donc pas pu bénéficier des allocations et du chômage partiel. «C’est une partie des personnes que vous retrouvez aux barricades», commente le professeur.
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Dans les DOM, le chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, touche 20% de la population. Au-delà de l’étroitesse du marché du travail qui se caractérise en outre par la faiblesse de l’activité, le chômage est lié aux fortes augmentations de la population active et à l’important retard des niveaux de formations, peut-on lire dans un rapport parlementaire en date du 23 novembre 2021.
Plus précisément, près de la moitié des jeunes actifs est touchée par le chômage. Selon les statistiques d’Eurostat (2009), le taux de chômage chez les 15-24 ans est de 55,7% en Guadeloupe, de 50% à La Réunion et de 47,8% en Martinique. «Certains jeunes disent se foutre du vaccin et être simplement intéressés pour un travail. C’est un ras-le-bol de la jeunesse, au-delà des problèmes sanitaires», explique Olivier Sudrie. «De nombreux jeunes sont inemployables, souvent éjectés dès l’âge de 16 ans du système éducatif. Aujourd’hui, ils n’ont pas de formation professionnelle. On constate un déterminisme social écrasant», lance le spécialiste.
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Au chômage chez les jeunes et aux inégalités sociales s’ajoute la baisse du pouvoir d’achat. Alors «qu’aujourd’hui nous assistons à un renchérissement de la vie en métropole et en outre-mer, la crise sanitaire n’a pas aidé. Le taux de fret a particulièrement augmenté, certaines îles ont observé une augmentation de 200%», explique le professeur. Des produits de premières nécessité comme des couches-culottes voient leur prix augmenter considérablement.
Les conditions de vie dans certains quartiers sont également très disparates. Dans certaines zones, il est difficile d’avoir accès à l’eau potable. En Guadeloupe, par exemple, des milliers d’habitants n’ont pas d’eau du robinet depuis plusieurs années. Les habitants subissent des coupures prolongées, même en pleine pandémie de Covid-19.
Depuis le scandale du chlordécone, les Ultramarins vivent avec une défiance envers le gouvernement. L’histoire remonte dans les années 70, lorsque la mise sur le marché de ce pesticide est autorisée : «On l’utilise alors sur les terres et les plantations de bananes essentiellement», commente Olivier Sudrie. Alors que les États-Unis avaient interdit la molécule sur leur territoire en 1977, à cause d’intoxications avérées, l’État français avait continué à l’utiliser.
Si une procédure judiciaire est en cours, de nombreux Ultramarins assimilent le scandale du chlordécone au vaccin, en affirmant que ce dernier peut aussi conduire à empoisonnement. Les syndicats réclament la prise en charge totale des tests de chlordéconémie, maladie liée à ce pesticide. «C’est toute cette conjonction des luttes qui a fait que la situation a explosé», conclut le professeur.
bagnarians
le 24/11/2021 à 10:06
Du fric. Des 4×4. Des alloc…. »
Klein Alain
le 24/11/2021 à 09:56
On avait décidé de rester en zone française et de partir aux Antilles cet hiver, on a donc changé notre fusil d’épaule et pour un bon moment.
av siussa
le 24/11/2021 à 09:41
Comme tout le monde ils veulent être des pays indépendant tout simplement
ENQUÊTE – De nombreux proches endeuillés ont saisi la justice, dénonçant un «tri discriminant» entre les patients.
DÉCRYPTAGE – Inquiet, le grand maître de la Grande Loge de France, qui organise son dîner annuel, dénonce les «assauts destructeurs de l’obscurantisme».
ENQUÊTE – De plus en plus d’enfants sont diagnostiqués de troubles «dys». Au risque de s’acharner sur des «faux positifs» qui constituent un business très lucratif.
Émeutes aux Antilles : quelle est l’origine des revendications en Guadeloupe et Martinique ?
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Le Figaro
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24 novembre, 2021 0 Comments 1 category
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