n jeu d’enfant, ou presque. Lorsqu’Antoine Philips, le chef produit tracteur spécialisé de Fendt, présente les nouvelles possibilités de réglage du 200 Vario V/F/P «Gen 3» en salle, tout paraît fluide et simple. Mais passer à la pratique est une tout autre histoire !
Ce 29 octobre, le concessionnaire Matha reçoit ses clients à Nissan-lez-Ensérune, dans l’Hérault. Une trentaine de viticulteurs, maraîchers et tractoristes, tous utilisateurs du dernier Fendt 200 Vario StageV V/F/P, participent à une demi-journée de formation gratuite en salle. Une session indispensable sachant que plusieurs participants ont à peine pris leur nouveau joujou en mains, voire pas du tout, et que de nombreux changements ont été apportés sur ces machines.
Avant de présenter les nouvelles fonctionnalités de cette 3e génération de 200 Vario, Antoine Philips précise que leur cabine est de même largeur que la précédente. «On a juste supprimé les montants.» Et que ces tracteurs disposent pour la première fois d’un système de dépollution SCR. «Il faut prendre de l’AdBlue additivé, conseille-t-il, l’AdBlue basique pouvant cristalliser. Et il ne faut pas en verser partout car c’est abrasif.»
L’expert aborde ensuite la conduite au joystick. Dans ce cas, le chauffeur doit régler la rampe d’accélération de la transmission de 1 à 4 grâce au bouton placé derrière le joystick, la position 4 provoquant la chute la plus rapide des rapports lorsqu’on ralentit ou freine, et inversement leur montée, lorsqu’on accélère.
Dans une vigne en pente, avec une remorque pleine attelée à l’arrière, Antoine Philips préconise la position 2 : «en montée, en 4, lorsque le tracteur arrive en limite de tolérance, il descend les rapports de manière à ralentir de 2km/h en 2km/h. En position 2, il rétrograde par paliers de 0,5km/h. C’est plus souple, moins violent. Et lorsque vous êtes en descente, en position 4 le tracteur va accélérer plus qu’il ne devrait alors qu’il est déjà poussé par la charge de la remorque. Vous ferez du yoyo entre accélération et freinage.»
Dans la salle, des utilisateurs sont sceptiques. Mais Antoine Philips assure que les positions 2 et 3 «sont celles qui conviennent le mieux pour le travail de la vigne». «Je reste toujours en 2, partage l’un des participants. Ainsi, j’ai bien en tête le temps de réaction. C’est confortable. En position1, c’est un peu dangereux: le temps de réaction est trop long.» « Dans tous les cas, il faut accompagner le tracteur avec les freins, conseille Antoine Philips. Ce n’est pas la transmission qui va freiner pour vous.»
En mode de conduite à la pédale, la prudence est aussi de mise. Le sélecteur derrière le joystick ne sert alors à rien et on ne bénéficie pas de frein moteur. Il faut donner une consigne de vitesse sinon le tracteur s’emballe. «Ce mode de conduite ne sert à rien, il est dangereux», commente un participant. Le concessionnaire argumente que c’est pour les gens qui ne connaissent pas la conduite au joystick ou qui y sont réfractaires. «De plus, quand la main droite est mobilisée sur les fonctions, le mode pédale peut être utile.»
L’après-midi se passe sur le terrain. Nous suivons Franck Estarli, viticulteur à Capestang sur près de 32ha, qui veut mettre en pratique ce qu’il a appris. Il amène son nouveau 210 V Vario de couleur noir – seulement 60heures au compteur – sur l’une des parcelles qu’il cultive avec son père Élian. Il attelle à l’arrière un rotovator Sicma. Ces clients Fendt de la première heure – c’est leur 14e modèle! – veulent en découdre avec la fonction inédite Teach In. «Il s’agit de la programmation de la séquence de bout de rang, rappelle Franck. Nous voulons l’utiliser pour gagner du temps et du confort. C’est pour cela que nous sommes venus à la formation ce matin.»
Cette fonction consiste à imposer au tracteur une succession de tâches en appuyant sur un bouton. Ici, il s’agit de faire descendre le relevage, mettre en route la prise de force, puis le tracteur. Pour ce faire, soit on enregistre ces différentes commandes en dynamique, au moment où on les passe, soit on les programme. Franck choisit cette seconde voie. Il cherche la fonction Teach In dans le menu de l’écran tactile de 12pouces situé sous le toit de la cabine et sélectionne l’icône représentant la croix du joystick.
«Je donne un titre à la séquence que je vais paramétrer, décrit Franck. Je mets “rota descente”. Ensuite, je sélectionne les actions qui vont s’enchaîner: descente du relevage arrière, mise en route de la prise de force à 580tr/min, montée du régime moteur à 1750tr/min et vitesse d’avancement de 5,5km/h.» Comme on le lui a enseigné le matin. Mais tout ne se passe pas comme prévu; il doit s’y prendre à plusieurs reprises, reparamétrer et retester, pendant de longues minutes. Quand Frank enclenche le bouton «go» du joystick, soit les fonctions s’enchaînent trop vite, soit le relevage avant ne répond pas, soit la prise de force ne démarre pas.
Pour se sortir de l’impasse, il appelle son concessionnaire en visio pour filmer ce qu’il est en train de faire. «Je viens de comprendre, s’exclame-t-il. J’ai pris l’icône du relevage avant au lieu de l’arrière. Et j’ai oublié de définir une distance ou un temps entre chaque action.»
Ni une ni deux, Franck opère les changements à l’écran. C’est très simple. Il glisse les cases du bout des doigts. Il programme 2secondes entre la montée du régime moteur à 1750tr/min et le déclenchement de la vitesse cible et une distance de 10cm entre chacune des autres étapes. Nouvel essai. Cette fois tout se déroule parfaitement. Il aura quand même fallu plus d’une heure. Ne reste plus qu’à programmer la séquence inverse pour relever le rota en bout de rang!
Lors du tour de table effectué le matin, les premiers utilisateurs de ces nouveaux tracteurs soulignent plusieurs améliorations, à commencer par la cabine, plus confortable et plus silencieuse, sur route comme dans les vignes. «Et avec les nouveaux phares, on y voit comme en plein jour», ajoute un tractoriste audois. Approbation de la salle. «J’ai aussi l’impression d’avoir plus de place, comme je suis grand c’est important. Je ne me cogne plus sur les montants», relate-t-il. Mais le 200Vario reste perfectible aux yeux de certains. «L’inverseur au volant est plus haut que sur l’ancien modèle et, de temps en temps, je l’accroche avec la main», raconte un viticulteur des Corbières. Il ajoute que «les écrans sont un peu compliqués. Si le joystick était réglable en longueur, ce serait bien, car je suis grand et je ne peux pas reculer davantage le siège». Enfin, presque tous regrettent le manque de rangement, ne serait-ce que pour une bouteille d’eau.
2 décembre, 2021 0 Comments 1 category
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