Le Campus Cyber est une nouvelle tour de 13 étages située dans le quartier d’affaires de La Défense. Alors que le président de la République Emmanuel Macron doit inaugurer les lieux mi-février, le site aura vocation à accueillir plusieurs dizaines d’entreprises et d’acteurs publics autour de la cybersécurité sur 26.600 m2.
«Il s’agit d’un lieu encore sans équivalent dans le monde pour répondre à l’un des enjeux majeurs de l’ère numérique», a expliqué à CNEWS le président de cet établissement Michel Van Den Berghe, lors d’une visite de la tour en avant-première. Et le ton est donné dès l’entrée, où un véritable écran géant de 45 mètres de long par 4,50 mètres de haut -le plus grand du monde- accueille ses pensionnaires.
En ce début du mois de février quelque 200 ouvriers s’affairent encore à finaliser le Campus Cyber qui doit, à terme, accueillir plus de 1.800 collaborateurs au quotidien parmi 90 entreprises (des start-up, mais aussi des pôles du ministère de l’Intérieur, de la Défense ainsi que l’Anssi, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information).
La plupart des experts en cybersécurité pourront donc être réunis dans ce lieu voulu par le chef de l’Etat et qui aura plusieurs missions. «Ils devront travailler ensemble à élever le niveau de la cybersécurité en France pour mieux protéger le pays, les entreprises mais aussi le grand public», résume Michel Van Den Berghe. Le site veillera également à encadrer et conseiller les entrepreneurs et les patrons de TPE et PME.
«Il est aujourd’hui très compliqué pour un chef d’entreprise, qui a par exemple 10 ou 15 salariés et qui n’a souvent pas de DSI (Directeur des services informatiques) ou de responsable de cybersécurité, de pouvoir sécuriser son environnement numérique. C’est donc à nous, industriels de la cybersécurité et à l’Etat, de lui amener le plus possible, et de façon transparente, des solutions pour pouvoir le sécuriser au quotidien. L’idée est de protéger les plus faibles sans qu’ils deviennent des experts de la cybersécurité», poursuit le président du Campus Cyber.
© Campus Cyber
Des sociétés comme Sekoia, qui développent une expertise pour comprendre les méthodes des cyberattaquants qui s’en prennent aux grandes entreprises, seront-là aussi pour épauler et comprendre les PME. «Ces dernières peuvent elles aussi travailler avec de grands acteurs économiques et des cyberattaques contre un sous-traitant peuvent servir de porte d’entrée pour viser les plus grosses enterprises», prévient de son côté David Bizeul, responsable scientifique chez Sekoia qui voit dans le Campus Cyber, un lieu de «synergie plus pertinent en travaillant conjointement».
Si certaines grosses entreprises et banques seront sur place, à l’instar d’Atos, Alstom, IBM, BNP Paribas, Thales, Orange…), la tour permettra à plusieurs start-up de s’y installer. Les jeunes pousses pouvant être hébergées gratuitement, si leur dossier est retenu, avant d’intégrer un incubateur. Une opportunité rare au sein de La Défense. «Les grands industriels ont accepté ici de payer un loyer plus cher pour accueillir des sociétés plus modestes qui paieront moins», se félicite Michel Van Den Berghe.
De plus, le site sera également un lieu de formation professionnelle et d’échanges autour des cybermenaces. «Nous avons créé une salle de crise pour reproduire des scénarios et apprendre à gérer des situtations de cyberattaques. Nous pouvons par exemple apprendre à réagir si une entreprise est confrontée à une coupure d’électricité et de téléphone. Un système de jeu de lumières réglable permet de configurer les scénarios à la demande. L’idée étant de voir puis d’analyser comment les gens réagissent face à ces situations», explique-t-il, soulignant que le Campus Cyber «concentrera ce qui se fait de mieux en matière de cybersécurité». Deux auditorium de 110 et 250 places seront également accessibles pour des colloques.
«La facteur clé, c’est l’écosystème en matière de cybersécurité, ce que va permettre ce lieu», souligne Guillaume Gamelin, vice-président de F-Secure France, société spécialisée dans ce domaine qui sera présente dans la tour. «Il s’agit d’un marché en pleine croissance, mais il y a un manque de ressources. D’où l’importance du réseau et des liens, qui pourraient notamment approter des idées et des innovations», espère-t-il.
Le site se veut ouvert et devrait permettre des collaborations inédites entre les différents acteurs présents. De grandes banques, pourtant concurrentes, devraient s’y réunir pour échaffauder de nouvelles solutions en commun pour protéger leurs clients contre les cyberattaques comme le phishing (hameçonnage) notamment.
«En 2021, les pertes liées aux attaques menées par les cybercriminels dans le monde ont représenté 1.000 milliards d’euros, c’est plus que le PIB de certains pays. Il y a différentes typologies d’attaques, comme celles de type ransomware, d’autres à but de sabotage, voire même avec pour but d’effacer une marque… La cybersécurité est donc cruciale. La France est aujourd’hui le 4e pays le plus attaqué au monde. Une des missions du Campus Cyber sera de repousser cette place le plus loin possible pour que les cybercriminels se disent : « c’est un peu trop compliqué d’attaquer les entreprises françaises, on va aller attaquer d’autres pays »», conclut Michel Van Den Berghe.
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6 février, 2022 0 Comments 1 category
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