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TRIBUNE – Alors que la ministre du Travail, Elisabeth Borne, tire le 28 octobre le bilan de l’application mobile « Mon compte formation », lancée il y a deux ans, l’économiste Pierre Cahuc salue le succès de cette réforme qui a permis la validation de plus de deux millions de formations. En revanche, le dispositif d’aide à la reconversion professionnelle collectif est un flop.
L’économiste Pierre Cahuc salue le succès de la réforme de la formation professionnelle qui a permis la validation de plus de deux millions de formations.
C’est un enjeu crucial: accompagner les salariés qui perdent leur travail à cause du progrès technique. Pour répondre à cette épineuse problématique, les partenaires sociaux et le gouvernement ont lancé en grande pompe, en janvier dernier, le dispositif de reconversion professionnelle collectif, "Transco". Son principe: permettre aux employeurs d’anticiper les mutations économiques de leur secteur et aux salariés d’être accompagnés pour se reconvertir de manière sereine en conservant leur contrat de travail. L’Etat prend en charge pendant deux ans 100% de la rémunération et du coût d’une formation pour les TPE PME, 70% pour les entreprises de 100 à 300 salariés et 40% pour celles de plus de 1.000 employés. Pour un budget global conséquent: 500 millions d’euros.
Las, dix mois après son démarrage, la mesure a fait "pschitt"… Seuls 71 dossiers ont été déposés, dont une quarantaine concernant des salariés de deux entreprises, Monoprix et Derichebourg. Il faut dire que le dispositif était un véritable parcours du combattant pour les entreprises. Pour candidater, il fallait conclure un accord de "gestion des emplois et des parcours professionnels" avec les représentants du personnel afin d’établir une liste d’emplois fragilisés, le transmettre à la direction régionale en charge de l’emploi et déposer un dossier à une commission paritaire
Pour relancer le dispositif "Transco", le gouvernement a décidé en septembre de remplacer l’obligation de signer un accord par la consultation du Comité social et économique. Il l’a aussi ouvert au financement des reconversions dans le cadre des ruptures conventionnelles collectives. C’est une bonne nouvelle. Mais il est vraisemblable que ce type de dispositif, qui repose sur le principe selon lequel les employeurs et les représentants du personnel peuvent prévoir d’un commun accord les besoins en main-d’œuvre sur un horizon de plusieurs mois, voire de plusieurs années, ne peut jouer qu’un rôle marginal, réservé à quelques très grandes entreprises. Pour la plupart d’entre elles, l’incertitude est bien trop grande pour s’engager sur des tels horizons.
Les perspectives du compte personnel de formation (CPF) relancé par la grande réforme de 2018 de la formation professionnelle sont sans doute plus prometteuses. Son application pour smartphone met directement en relation le salarié avec les opérateurs de formation. Chacun peut utiliser ses crédits, désormais en euros et non plus en heure, pour se former. Et ça marche: en 18 mois plus de deux millions de formations ont été validées et 21.000 organismes de formation ont été certifiés. Mieux, les salariés peu qualifiés se sont emparés de cet outil.
Surtout, cette application offre de nouvelles possibilités pour améliorer l’accompagnement des demandeurs d’emploi en leur permettant de consulter les formations disponibles dans un bassin d’emploi tout comme les métiers en tension qui recrutent et accéder directement aux offres d’emploi. A l’avenir, les demandeurs d’emploi pourraient l’utiliser pour choisir les prestataires qui les accompagneraient vers l’emploi, ce qui désengorgerait le service public de l’emploi et améliorerait les appariements entre l’offre et la demande de travail. L’un des maux français.
Par Pierre Cahuc, professeur d'économie à Sciences Po Paris
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