L’emploi et la formation professionnelle sont les sujets majeurs de cette rentrée. Car malgré une nette reprise des embauches, les tensions sont toujours très fortes sur le marché du travail et de plus en plus de métiers peinent à recruter. Et en face, de nombreux demandeurs d’emploi et de salariés souhaitant se reconvertir ne parviennent pas à trouver de poste correspondant à leur qualification ou à leur aspiration professionnelle. Pour améliorer la situation sur le marché du travail, le gouvernement compte présenter fin septembre un plan d’investissement dans les compétences. L’objectif : mettre davantage de fonds pour développer la formation professionnelle des salariés et des demandeurs d’emploi.
Dans ce contexte, le rapport de l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), dévoilé ce jeudi 16 septembre, tombe à pic. Consacré à la formation des demandeurs d’emploi, il propose des pistes concrètes pour améliorer la situation actuelle. Car se former relève d’un véritable “parcours du combattant” pour les demandeurs d’emploi, pointe SNC. Prolifération des offres de formation, multiplicité des interlocuteurs, dispositifs mal adaptés, manque d’incitation financière… les freins à l’accès à la formation sont nombreux pour les demandeurs d’emploi.
“Aujourd’hui, sont principalement amenés à intervenir en matière de formation pour les chercheurs d’emploi : les conseils régionaux, les services de l’État, l’assurance chômage (Unédic), Pôle emploi et les opérateurs de compétences (Opco). À ces acteurs, qui ont un rôle de prescripteur, de financeur et/ou d’opérateur, il faut ajouter les 15.000 organismes privés qui dispensent de la formation et les organismes de la sphère publique : AFPA et GRETA”, détaille à titre d’exemple Solidarités nouvelles face au chômage. Résultat, les sources d’informations sont aussi nombreuses que les interlocuteurs. Jugée “complexe et confuse” par les demandeurs d’emploi, “cette dispersion de l’information freine [leur] accès à la formation”, estime l’association.
Pour pallier ces difficultés en termes d’informations, Solidarités nouvelles face au chômage estime que Pôle emploi devrait être “l’interlocuteur-clé” pour aider les demandeurs d’emploi dans leur choix de formation. “Il sera nécessaire que Pôle emploi soit en mesure d’orienter véritablement les chercheurs d’emploi vers les formations les plus pertinentes au regard des résultats de retour à l’emploi observés à l’issue des formations. Cela nécessite également l’existence de répertoires exhaustifs et régulièrement actualisés des formations efficientes, c’est-à-dire en adéquation avec les besoins du marché du travail”, détaille SNC.
Pour tenir et mettre à jour ces répertoires, les auteurs du rapport insistent sur la nécessité de recueillir des données auprès des régions et des branches professionnelles, mais aussi des organismes de formation. “Il appartient à ceux-ci de préciser à cet effet les certifications auxquelles ils préparent, les moyens humains et matériels requis pour en assurer leur bonne exécution, leurs taux de réussite et leur capacité d’intermédiation pour l’obtention de débouchés professionnels ou des stages inclus dans leur cursus”, précisent-ils. Ils appellent également à la mise en place d’un interlocuteur unique pour les demandeurs d’emploi qui recherchent des solutions de financement pour leur formation. Là encore, c’est à Pôle emploi d’assurer la fonction “d’assembleur/interlocuteur unique”, estime SNC.
>> Notre service – Trouvez la formation professionnelle qui dopera ou réorientera votre carrière grâce à notre moteur de recherche spécialisé (Commercial, Management, Gestion de projet, Langues, Santé …) et entrez en contact avec un conseiller pour vous guider dans votre choix
Dans son rapport, Solidarités nouvelles face au chômage pointe également les limites du compte personnel de formation (CPF), dont la logique est de laisser son titulaire choisir en toute autonomie ses formations. En laissant les demandeurs d’emploi “seuls face à une offre constituée de dizaine de milliers de propositions, vantées par des organismes de formation en situation de concurrence”, le CPF “accroît les risques de choix (de formation, ndlr) non pertinents”, signalent les auteurs du rapport. “Dans le souci de retrouver une activité au plus vite, certains peuvent se laisser tenter par des offres qui s’avèreront inadéquates à leur projet professionnel et, face aux sollicitations commerciales agressives de nombreux organismes de formation, des chercheurs d’emploi peuvent se faire abuser”, poursuivent-ils. Sans parler des personnes les plus éloignées de l’emploi, en décrochage numérique : le CPF tend à les “exclure” de la formation, selon SNC, “alors même que ce sont elles qui auraient le plus besoin d’y accéder”.
Par ailleurs, les salariés souhaitant se reconvertir ont accès au dispositif de CPF de transition professionnelle pour financer une formation certifiante en lien avec leur projet. Mais “il n’existe pas de dispositif équivalent pour les chercheurs d’emploi et cela leur est préjudiciable”, déplore l’association. Une situation qui est d’autant plus problématique pour les personnes qui ont perdu leur emploi en raison de la pénibilité de leur métier ou encore “celles dont la qualification est devenue caduque du fait de l’évolution des techniques et qui, pour prétendre à un emploi de même niveau d’expertise, sont tenues de s’engager dans un processus lourd de formation”, illustre Solidarités nouvelles face au chômage. Pour ces demandeurs d’emploi qui doivent envisager une reconversion professionnelle, il est “indispensable” d’instaurer un dispositif spécifique, estime l’association. “Ce dispositif devrait comprendre un CEP (conseil en évolution professionnelle, ndlr) approfondi et une priorité dans l’accès aux formations répondant à ce besoin”, précise-t-elle.
Autre faiblesse dans le domaine : la rémunération des demandeurs d’emploi suivant une formation. Plusieurs dispositifs existent mais toutes les formations et tous les demandeurs d’emploi n’y sont pas forcément éligibles. Par exemple, l’allocation d’aide au retour à l’emploi formation (Aref) est versée aux bénéficiaires de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) qui suivent une formation de Pôle emploi dans le cadre d’un projet personnalisé d’accès à l’emploi ou sélectionnée depuis le CPF. Autre condition pour bénéficier de l’Aref : suivre une formation d’une durée au moins égale à 40 heures.
Il existe aussi la rémunération des formations de Pôle emploi, destinée aux personnes inscrites auprès de l’organisme public mais qui ne perçoivent pas d’indemnisation chômage au moment de leur inscription en formation. Enfin, les demandeurs d’emploi dont les droits au chômage s’épuisent pendant leur formation peuvent percevoir une rémunération de fin de formation… sous conditions encore une fois. Il faut notamment que la formation suivie permette d’accéder à un métier en tension, c’est-à-dire qui peine à recruter. Cette liste des emplois en tension doit être établie par chaque préfet de région.
Mais si le demandeur d’emploi ne répond pas à ces (très) nombreux critères, il ne peut pas bénéficier de l’une de ces rémunérations pendant sa formation. Or “la non-attribution d’une rémunération pendant la formation constitue un obstacle au suivi d’une action : 11% des chercheurs d’emploi y renoncent pour ce motif, ne disposant pas des ressources nécessaires pour faire face à leurs besoins”, constate SNC dans son rapport.
L’association appelle donc à garantir la rémunération et la prise en charge des coûts de formation pour les demandeurs d’emploi. “Il conviendrait que toute action de formation issue d’un conseil en évolution professionnelle (CEP) et logiquement inscrite dans le projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE) soit automatiquement rémunérée et entièrement financée, frais annexes compris (transports, repas, hébergement)”, peut-on lire dans le rapport.
Pour aller encore plus loin, Solidarités nouvelles face au chômage fait d’autres propositions et appelle notamment à développer les formations dans le cadre des préparations opérationnelles à l’emploi (POE). Ces formations permettent concrètement aux demandeurs d’emploi de se préparer à leur prise de poste. Elles sont “les plus efficaces en termes de retour rapide à l’emploi, mais elles ne représentaient en 2019 que 15% environ des entrées en formation, observe SNC. Elles sont donc à développer, en particulier dans les secteurs qui peinent à recruter : un candidat ayant besoin d’une simple adaptation de ses compétences pourra ainsi être retenu.”
L’association estime également que Pôle emploi devrait plus souvent proposer des formations en alternance. “Pour ce faire, l’incitation à l’embauche d’alternants doit se poursuivre et s’élargir”, recommandent les auteurs du rapport. Il s’agirait ainsi d’étendre cette aide à tous les contrats conclus avec une personne au chômage depuis un an, quel que soit son âge.
>> Retrouvez tous les épisodes de notre podcast qui vous aide dans votre recherche d’emploi
© 2021 Prisma Media – Tous droits réservés
17 novembre, 2021 0 Comments 1 category
Category: Non classé