Thomas a 28 ans, une petite dizaine d’années de plus que la chasseuse du Cantal mise en examen le 22 février dernier après avoir tué accidentellement une randonneuse lors d’une battue au sanglier. « C’est un drame qui nous a tous bouleversés, commente le jeune girondin qui ne s’est pas pour autant résigné à passer les épreuves du permis de chasser. On a entendu beaucoup de choses sur ce fait divers et je regrette l’exploitation qui en a été faite », déplore le futur chasseur.
C’est aujourd’hui le grand jour pour Thomas qui fait partie des candidats bénéficiant de l’opération « permis à 0 euro » (1). Il s’est inscrit à l’examen…
C’est aujourd’hui le grand jour pour Thomas qui fait partie des candidats bénéficiant de l’opération « permis à 0 euro » (1). Il s’est inscrit à l’examen il y a quelques mois et a travaillé, depuis, ses connaissances sur la faune sauvage et ses habitats, les lois et règlements mais aussi et surtout les questions liées à la maîtrise de l’arme et à la sécurité.
Il a suivi des séances de formation au siège de la fédération, à Ludon-Médoc, pour se familiariser avec les grands principes de la chasse qu’il connaît déjà pour avoir marché dans les pas de ses oncles et tantes depuis son plus jeune âge, du côté des Landes. « J’ai grandi dedans et je sais que l’on ne chasse pas n’importe quoi, n’importe comment et n’importe où. »
« Notre mot d’ordre est simple : la sécurité avant tout, notamment pour la pratique de la chasse collective en battue », martèle Henri Sabarot, président de la fédération girondine, la plus importante de France, avec plus de 40 000 adhérents. « L’examen, sous l’égide de l’Office français de la biodiversité (OFB), a une triple mission : sélectionner, former et sensibiliser le chasseur », rappelle Guillaume Desenfant, directeur de la communication de la fédération.
Thomas, vêtu de son gilet orange fluo obligatoire, s’avance vers le poste de tir, saisit la carabine que lui tend, canon vers le haut, Laurent Furlan, l’un des trois formateurs, intransigeant, à l’image de l’examinateur de l’OFB qui validera les épreuves. « Sur l’ensemble du parcours des exercices pratiques, tout comportement dangereux est directement éliminatoire. Parfois, l’examen ne dure que vingt secondes pour certains. »
Le futur chasseur posté sur une ligne de battue au sanglier matérialise tout d’abord avec des piquets les angles de 30 degrés dans lequel il est absolument interdit de tirer, puis il analyse son environnement, jette un coup d’œil dans le canon pour s’assurer qu’il n’est pas obstrué et se signale à ses voisins. « Les munitions peuvent ricocher mais elles sont moins nombreuses au-delà de cet angle, explique le formateur. Le tir doit être fichant ce qui signifie que le chasseur doit maîtriser l’impact final de son projectile.
Car aucun tir n’est anodin et il n’existe pas de fatalité. Une balle de type Brenneke tirée avec un fusil a une portée maximale de 1 500 mètres. Dans une carabine à canon rayé, une balle peut atteindre une distance de plus de 3 000 mètres. « On manipule une arme déchargée et ouverte, c’est le b.a.-ba », poursuit Laurent Furlan. « Un tiers des accidents concerne le chasseur qui se blesse lui-même lors d’une mauvaise manipulation. Hors action de chasse, lors du franchissement d’un fossé ou d’une clôture, l’arme doit être vide. »
Thomas a maintenant repéré ses voisins de ligne, les obstacles visuels, haies, buissons, routes et habitations qui sont des zones de tir interdites.
Lors de la réforme de la chasse en 2019, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) a souhaité inscrire dans la loi l’obligation faite à tous les chasseurs de suivre une « formation sécurité décennale » consistant en une remise à niveau de leurs connaissances. Celle-ci, dispensée par les fédérations départementales, a débuté malgré les difficultés liées à la crise sanitaire. Elle vise à renforcer la formation de plus de 100 000 chasseurs par an.
Enfin, en 2022, la FNC va organiser un séminaire national sur la sécurité et le bien vivre ensemble dans la nature en étroite collaboration avec les principaux responsables des fédérations des sports et loisirs de nature. « Il faut identifier sans aucun tabou les solutions consensuelles qui permettront de conforter les droits et les devoirs de chacun dans nos espaces agricoles et forestiers », plaide Willy Schraen. Entre-temps, Thomas aura validé son permis de chasser.
(1) La fédération offre l’inscription à l’examen du permis de chasser, la formation théorique et pratique pour réussir l’examen, l’édition du titre permanent du permis et aide le futur chasseur à trouver un territoire.
7 mars, 2022 0 Comments 1 category
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