Après avoir émis un avis favorable, le syndicat ne signera finalement pas l'accord-cadre interprofessionnel conclu mi-octobre avec les autres partenaires sociaux. C'est la conséquence de luttes intestines, à quelques mois du renouvellement du poste de secrétaire général.
Par Alain Ruello
La CGT était certaine de ne pas signer. Mais personne ne s'attendait à ce que FO la suive : le syndicat ne paraphera finalement pas l'accord-cadre interprofessionnel sur la formation professionnelle conclu mi-octobre. Sa volte-face tient plus à des considérations politiques internes, à six mois de la reconduction ou non d' Yves Veyrier comme secrétaire général , qu'au fond du sujet, très peu engageant.
Pour rappel, cet accord n'est pas un accord national interprofessionnel en tant que tel. Il ouvre la voie à une série de sept négociations thématiques que les partenaires sociaux entendent mener d'ici à fin juin 2022, afin de peser vis-à-vis du prochain gouvernement. Première concrétisation de l'agenda autonome proposé en début d'année par le Medef , l'accord est aussi censé démontrer au gouvernement que patronat et syndicats savent négocier sans lui, quand bien même le contenu du texte n'engage pas à grand-chose.
La décision de FO de ne pas signer sera prise officiellement lors du bureau confédéral de ce lundi. Elle ne fera qu'entériner la position du Comité confédéral national, le CCN, sorte de parlement du syndicat qui s'est réuni les 3 et 4 novembre. La résolution adoptée à l'unanimité « constate que l'accord-cadre national interprofessionnel ne permet pas de faire valoir pleinement nos revendications ». En clair : il ne peut donc pas être adoubé.
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Mandat a été donné au bureau de « continuer à peser dans les négociations à venir pour défendre le droit individuel à une formation qualifiante, le rétablissement du CIF [congé individuel de formation, NDLR], les diplômes et titres professionnels reconnus dans les conventions collectives, les lycées professionnels et l'Afpa ».
L'unanimité de la résolution cache en fait une opposition entre, schématiquement, les fédérations du public (contre la signature) et celles du privé (pour). Le dossier de la formation professionnelle aurait donc fait les frais d'un débat entre différentes tendances. « C'est purement politique sachant qu'il s'agit du dernier CCN avant le congrès de fin mai durant lequel se jouera le mandat du secrétaire général », décrypte un très bon connaisseur externe des arcanes syndicaux, de FO en particulier.
L'accord-cadre sur la formation portera la signature des trois organisations patronales (Medef, CPME et U2P) et de trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC). Autre thème inscrit à l'agenda autonome des partenaires sociaux, le paritarisme doit encore faire l'objet de trois réunions pour une conclusion visée le 17 décembre.
Alain Ruello
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17 novembre, 2021 0 Comments 1 category
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