Troisième jour de suspension des cours en présentiel, pour les élèves des écoles, collèges et lycées de la Guadeloupe dite « continentale » (hors îles du Sud : Marie-Galante, la Désirade et les Saintes). Depuis vendredi 19 novembre 2021, le Rectorat fait le choix de la prudence, en fermant les établissements scolaires ; la circulation routière est dangereuse, voire empêchée, du fait des barrages érigés par les manifestants, actuellement mobilisés contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale.
Dans certains secteurs, les élèves qui n’ont pu franchir les barrages routiers ont manqué l’école dès le lundi 15 novembre, premier jour de la grève générale.
Par ailleurs, les syndicats de l’Education nationale sont impliqués, dans le mouvement social.
L’absence de dialogue social et le système scolaire actuel sont pointés du doigt, par la FAPEG, qui appelle à une refondation de l’école, en Guadeloupe.
Les principaux syndicats de l’Education nationale soutiennent le mouvement social.
La Fédération syndicale unitaire (FSU) appelle à la négociation, pour étudier les voies et moyens de permettre aux travailleurs de reprendre leurs activités, sans pour autant se soumettre aux suspensions, retraits de salaires et sanctions. La FSU exige une adaptation à la situation guadeloupéenne. Le secrétaire général de ce syndicat ne peut concevoir que des personnels soient vaccinés, alors qu’ils ne le souhaitent pas.
« Le préalable, en Guadeloupe, c’est de bloquer« , avait déclaré Eddy Ségur, il y a quelques jours, dans la presse.
Le Syndicat des personnels de l’éducation en Guadeloupe (SPEG) est lui aussi sur les barrages, en soutien au mouvement social, car la question dépasse l’Education nationale, selon son secrétaire général. Pour Jean Dernault, la réponse à la crise, c’est la négociation, le dialogue et non la surenchère en effectifs policiers. L’actuelle explosion sociale est « l’expression d’une jeunesse Guadeloupéenne qui va mal », affirme-t-il, « Bien plus que l’obligation vaccinale et le passe sanitaire, le traitement réservé aux jeunes pendant leur scolarité et après, est une des raisons de la colère de ceux qui sont aujourd’hui dans la rue« . Le SPEG rappelle n’avoir eu de cesse d’alerter, sur l’état de cette jeunesse et des trop nombreuses sorties du système scolaire sans qualification.
Communiqué du Conseil syndical du SPEG – 22/11/2021
La Fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle (FO-FNEC), quant à elle, estime que ce mouvement social a, en fait, démarré il y a déjà plusieurs semaines et que les préavis de grève n’ont pas été pris en compte. Selon son secrétaire général, Elin Karamkam, si son syndicat est mobilisé c’est, d’une part pour anticiper toute extension de l’obligation vaccinale à tout le corps enseignant (pour l’instant seuls les infirmiers, médecins et psychologues scolaires sont concernés) et, d’autre part, par solidarité avec les autres corps de métiers.
Un plan de continuité pédagogique a été mis en place, dans chaque établissement scolaire, pour ne pas pénaliser les enfants, a assuré la rectrice, Christine Gangloff-Ziegler. Une déclaration qui vise à rassurer les parents d’élèves mais, dans les faits, nombre d’enseignants se plaignent d’être livrés à eux-mêmes, pour assurer les cours en distanciel. Il leur appartient de trouver un mode de communication adapté, avec les parents et les élèves, afin de leur transmettre des apprentissages.
Dans ce contexte, les parents doivent aussi endosser le rôle de maîtres et maîtresses, surtout auprès des élèves du 1er degré, qui ne peuvent être livrés à eux-mêmes ; un rôle que tous ne peuvent pas assumer, pour diverses raisons.
En somme, l’ensemble de la communauté scolaire est d’avis que rien ne peut remplacer l’accueil des écoliers, collégiens et lycéens, en présentiel.
La Fédération des associations de parents d’élèves de Guadeloupe (FAPEG) parle d’un « enseignement en distantiel inefficace« , notamment due à une « fracture numérique importante, ayant pour conséquence un retard évident dans les apprentissages« .
La Fédération des associations de parents d’élèves de Guadeloupe (FAPEG) dénonce le fait que les enfants de l’archipel n’aillent à l’école qu’en « pointillés« , depuis bientôt deux ans, à cause des grèves (contre la réforme de la retraite en 2019/2020, des agents territoriaux en 2021, contre l’obligation vaccinale désormais, etc.) et de la crise sanitaire.
« De ce fait, on assiste à une régression globale de l’ensemble des résultats scolaires de nos enfants. L’échec et le décrochage scolaire augmentent inéluctablement« , est-il écrit dans un communiqué de la fédération.
Pour la FAPEG, c’est tout le système qui n’est pas à la hauteur de la situation, qui s’aggrave. Les parents d’élèves en veulent pour preuve « les absences récurrentes de professeurs non remplacés« , « le manque crucial d’eau » dans plusieurs établissements, « le fort nombre de jours d’enseignement perdus » (20%, selon la rectrice Christine Gangloff-Ziegler elle-même, en début d’année scolaire 2021/2022).
La Fédération des associations de parents d’élèves de Guadeloupe considère que « le Rectorat n’assume pas ses responsabilités » et que le nombre de jeunes sur les barrages « est bien le signe de l’échec total d’un système éducatif inadapté à la réalité de notre pays et, plus largement de la formation et de l’insertion professionnelle« .
Cet acteur majeur de la communauté scolaire réaffirme sa position : « Il faut repenser l’école en Guadeloupe (…) » et, par ailleurs, alors que le territoire souffre d’une absence de dialogue social, « C’est l’avenir de nos parents et de nos enfants, notre avenir qui est ainsi hypothéqué« .
Dans sa conclusion, la FAPEG rappelle notamment « son opposition à l’obligation vaccinale, qui ne garantit pas les libertés de chacun« .
Communiqué du Conseil d’administration de la FAPEG – 20/11/2021
Crises successives, en Guadeloupe : les élèves condamnés à aller à l'école "en pointillés"
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24 novembre, 2021 0 Comments 1 category
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