Les réalisateurs Sébastien Magnier et Julien Meunier ont passé un an, en 2015, au Centre de formation des journalistes (CFJ), à Paris.
«Oublie-toi !» commande le professeur. En coulisses, des jeunes gens répètent leur texte, l’air pénétré, les mains moites. On pourrait se croire dans un conservatoire d’art dramatique, mais l’on est bien dans une école de journalisme, le Centre de formation des journalistes (CFJ) à Paris. Les réalisateurs Sébastien Magnier et Julien Meunier y ont passé un an, en 2015, pour ressortir avec ce documentaire sans personnages mais focalisé sur un mécanisme. Qu’est-ce qui forme le journaliste ? Est-ce qu’il ne serait rien de plus qu’une posture, qu’une élocution ? Le propos n’est pas nouveau : dans ces écoles, les élèves seraient surtout éduqués à reproduire des figures imposées plutôt qu’à transmettre le réel.
En 2003, François Ruffin portait le même regard sur cette même école dans son livre les Petits Soldats du journalisme. Près de vingt ans plus tard, le même serpent se mord toujours la même queue : l’école de journalisme produit-elle le formatage de l’information ? Ou ne remplit-elle que sa fonction, armer ses élèves avec les codes du marché du travail qui les attend ? Là est l’ambiguïté, dans laquelle le documentaire choisit longtemps de ne pas plonger. Car théorique tout en restant amusée, cette auscultation d’un journalisme asphyxié par son formatage se double d’un contrepoint malin : les documentaristes ne se privent pas de …
© Libé 2021
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3 décembre, 2021 0 Comments 1 category
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