En 2018, vous étiez rapporteure du projet de loi qui réformait la formation professionnelle. Trois ans après vous assurez le service après-vente ?
D’une certaine façon oui et c’est une bonne chose. Il permet aux députés de s’assurer que la loi a bien atteint ses objectifs. Si elle ne les a pas atteints, cette évaluation permet d’avoir des éléments objectifs pour pousser à ce que des modifications se fassent. C’est ce que Gérard Cherpion et moi-même…
En 2018, vous étiez rapporteure du projet de loi qui réformait la formation professionnelle. Trois ans après vous assurez le service après-vente ?
D’une certaine façon oui et c’est une bonne chose. Il permet aux députés de s’assurer que la loi a bien atteint ses objectifs. Si elle ne les a pas atteints, cette évaluation permet d’avoir des éléments objectifs pour pousser à ce que des modifications se fassent. C’est ce que Gérard Cherpion et moi-même avons fait au travers de ce rapport d’évaluation, et au travers de 15 préconisations en vue d’améliorer encore son efficacité qui sont présentées à l’Assemblée et, le 1er février, à la ministre du Travail.
Que faut-il en retenir ? Cette loi et le Compte personnel de formation en euros qui en a découlé ont-ils amélioré la formation professionnelle ?
Le premier enseignement de cette évaluation, c’est que l’accès à la formation est monté en puissance. Il a plus que doublé. En 2017, 579 000 formations avaient été vendues, en 2020, ce chiffre atteint 984 000 formations et pour 2021, il sera largement dépassé puisque le volume précédent a été atteint au bout de six mois.
Pensez-vous que la crise sanitaire a été un accélérateur de formation ?
Nous n’avons pas d’éléments pour en attester mais cette crise nous a tous permis de prendre du recul sur nos modes de vies, nos envies, nos trajectoires professionnelles… Oui, cela a dû participer à l’accélération de la demande de formation.
La loi visait à faire évoluer le profil général du salarié formé, qui était plutôt un cadre d’une grande entreprise…
Longtemps c’est vrai la formation concernait d’abord les plus qualifiés. Aujourd’hui, le profil a évolué. Les femmes, qui constituent le plus fort contingent de salariées à temps partiel, étaient peu nombreuses à se former. La loi leur donne les mêmes droits que les salariés à plein temps. Résultat, les femmes représentent 49,8 % des salariés en formation professionnelle. Les bénéficiaires du CPF sont moins qualifiés en moyenne qu’avant. Entre 2019 et 2020, le nombre d’ouvriers formés a progressé de +73 %. Les employés progressent de 53 %. Le dispositif atteint donc les personnes les moins qualifiées. On peut dire que la réforme de cette loi atteint ses objectifs.
Le succès du CPF a vu exploser les opérations de démarchage abusif auprès des salariés de la part des acteurs de la formation. Comment freiner le phénomène ?
On a tous au moins reçu une fois un texto, un appel pour nous dire qu’il fallait absolument utiliser ces comptes CPF… Ce sont des méthodes commerciales abusives. Pour lutter contre, nous proposons purement et simplement d’interdire le démarchage commercial sur le CPF. On préconise aussi la mise en place de plateformes de signalement de ces méthodes abusives et intrusives. Le ministère du Travail est en train d’y travailler avec la Caisse des dépôts.
Toutes les formations ne sont pas non plus à la hauteur, beaucoup d’opportunistes louchent sur l’argent de nos CPF ?
Sur la qualité des formations, la réforme a mis en place un système de certification des organismes de formation « Qualiopi » qui permet aux salariés de ne retenir que les organismes de formation qui ont une démarche sérieuse. Sur l’apprentissage, nous souhaitons mettre en place un système d’indicateurs qui permettent à tout un chacun de connaître les performances en taux d’insertion, en suivi des étudiants, par exemple, des différents centres d’apprentissage.
Le conseil en évolution professionnel ou CPF, qui est né de la loi, est-il assez connu à ce jour ?
Non et il est important de faire connaître ce dispositif gratuit, accessible à tous, pour avoir des conseils pour l’orientation, la formation, l’évolution de carrière. 95 % des utilisateurs sont satisfaits, mais trop peu nombreux à l’avoir fait, on doit corriger cela.
Combien coûte le CPF ?
Le budget 2021 est de 2,3 milliards, en dépassement de 850 millions par rapport au budget initial. Cela reste maîtrisé. Par contre, sur l’apprentissage, on a multiplié par trois le budget initial. C’est plutôt une très bonne nouvelle car cela résulte de l’explosion historique du nombre d’apprentis en France. On a réussi à faire changer le regard des Français sur l’apprentissage et j’en suis fière. On doit maintenant se demander si investir dans la jeunesse est une bonne chose. Je crois que je n’ai pas trop besoin de convaincre que c’est ma conviction. Le débat de société doit davantage porter sur « Comment on finance ? », que sur « Est-ce qu’on finance ? »
28 janvier, 2022 0 Comments 1 category
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