La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, à Paris, le 13 décembre. (ALAIN JOCARD/AFP)
Ouïghours ou pas, la France ira. Le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, a assuré sur RTL que le gouvernement sera représenté lors des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Pékin, qui commenceront dans une semaine : «Il y aura une présence de la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, sans doute pas à la cérémonie d’ouverture, mais pour soutenir nos athlètes à un moment pendant ces JO.»
Il justifie cette approche des jeux par le fait que «la plupart des pays européens» ont «la même stratégie d’avoir une présence nulle ou raisonnable, c’est-à-dire pas du niveau de chef d’Etat ou de gouvernement, à la cérémonie d’ouverture».
Depuis l’annonce de plusieurs pays, fin 2021, d’un boycott diplomatique pour dénoncer les attaques aux droits humains perpétués en Chine, notamment à l’égard des Ouïghours, les pressions se faisaient fortes sur les autorités françaises. Dans une tribune publiée samedi dans Libération, Raphaël Glucksmann, Christiane Taubira et Yannick Jadot ont appelé le gouvernement français à n’envoyer aucun représentant aux Jeux olympiques et paralympiques de Pékin. «Personne ne doit aller en notre nom célébrer le régime des camps et des esclaves», martelaient-ils.
Le 20 janvier, l’Assemblée nationale a adopté une résolution dénonçant le «génocide» des Ouïghours par la Chine, à l’instar de textes similaires adoptés aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou encore au Canada. Une décision qualifiée d’«ingérence grossière dans les affaires intérieures chinoise» par son ministère des Affaires étrangères. La Chine dément ces accusations et présente les «camps» comme des «centres de formation professionnelle» destinés à éloigner les habitants de l’extrémisme religieux. Ils seraient désormais fermés car tous les «étudiants» auraient «achevé leur formation».
Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes et des extrapolations statistiques, accusent pourtant Pékin d’avoir interné dans des camps au moins un million de personnes, majoritairement ouïghoures, d’effectuer des stérilisations et avortements forcés ou encore d’imposer du travail forcé.
Un boycott diplomatique des Jeux fonctionne comme un «pistolet à eau pour donner un signal» ayant «très peu d’impact», a estimé le secrétaire d’Etat français, qui privilégie d’autres mesures, bien plus «efficaces» ou «puissantes». Et de citer «une proposition de loi européenne pour interdire tous les produits issus du travail forcé sur les marchés européens» qui devrait être votée «sous présidence française» de l’UE. «Ça, c’est directement concret pour dire aux Chinois non seulement notre mécontentement, mais qu’on arrête avec ces filières commerciales qui permettent le travail forcé des Ouïghours.» Derrière ces belles déclarations, la majorité a pourtant retoqué cette semaine un texte contraignant la France à des actions pour venir en aide aux Ouïghours.
© Libé 2022
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31 janvier, 2022 0 Comments 1 category
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