Publié le 02/02/2022 à 14h20
Jean-Paul Cohade
L’un ne va pas sans l’autre. Après avoir été notifié de sa troisième place au classement des centres de formation de Pro D2, après deux années passées sur la première marche du podium, le Stade Aurillacois a puisé dans ce vivier pour continuer d’alimenter son équipe première avec la signature du capitaine des Espoirs, Théo Cambon.
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Le troisième ligne, à qui il ne reste qu’un partiel à valider pour obtenir son diplôme d’État d’infirmier, s’inscrit dans la durée avec son club formateur avec un contrat de trois saisons, soit jusqu’en juin 2025.
Premier contrat pro pour Théo Cambon, capitaine des Espoirs du @SArugbyofficiel qui s’engage pour 3 ans avec son club formateur. Il sera également dans le groupe à Bourg, jeudi soir #Aurillac #ProD2 pic.twitter.com/emsvv2du3Q
Une signature qui intervient moins d’une semaine avec l’engagement, sur la même durée, du demi de mêlée Mikheil Alania. « Le premier recrutement du Stade, c’est son centre de formation, et ce n’est pas fini », glisse Walter Olombel, le directeur sportif du club.
Capitaine des Espoirs et joueur précieux en touche, Théo Cambon a tout pour marcher dans les pas de Pierre Roussel, qui occupe déjà ces fonctions en équipe première et que l’Aurillacois a pu admirer, plus jeune, avant de jouer avec lui. Photos Jean-Paul Cohade
« Théo est un garçon de la filière, un pur Aurillacois, qui a fait toutes ses classes au Stade, de l’école de rugby aux Espoirs, et ça nous permet aussi de faire un clin d’œil à Jean Bessière, président du comité départemental et de l’Association, qui œuvre pour faire que toutes les forces vives et les talents puissent suivre un cursus de haut niveau », commente Jacques Brugère, vice-président en charge du sportif.
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Cambon a en effet pu profiter des partenariats et tutorats mis en place avec les clubs du bassin, puisqu’il a évolué à Mauriac à 18 ans pour se frotter à des seniors, puis à Arpajon l’année suivante à un niveau au-dessus.
Avec six matches en Pro D2 au compteur, en attendant de prendre place sur le banc, jeudi soir, à Bourg-en-Bresse pour le compte de la 19e journée, Cambon se fait petit à petit une place dans un groupe cantalien où il côtoie des joueurs qui l’ont marqué gamin, comme supporter.
« C’est un rêve d’enfant. Je suis d’Aurillac, j’ai tout le temps été au club, j’ai vécu des matches dans les tribunes et ces derniers temps sur le terrain. Il y a des événements qui m’ont marqué, comme la demi-finale contre Mont-de-Marsan, il y avait déjà Pierre Roussel, Latuka Maituku, Mathieu Lescure aussi. Et j’ai toujours rêvé d’être à leur place et de vivre ces moments où c’est un peu la folie à Aurillac
Théo Cambon (3e ligne aile du Stade Aurillacois)
Symbole d’une volonté cantalienne de s’appuyer sur sa formation, Cambon avait été lancé en Espoirs par Roméo Gontinéac, puis par l’ancien centre, encore, pour ce qui était son premier match en Pro D2, un soir d’hiver à Aimé-Giral.
« C’est sans doute lié. Roméo me connaît depuis ma première année espoirs. Il connaît mon profil, ma personnalité », souffle l’Aurillacois pour qui ce match a été une étape importante dans le processus vers le passage en pro.
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« Au départ, j’avais beaucoup d’appréhension, mais l’équipe, pour ce déplacement, m’avait mis dans les meilleures conditions. Et la peur et l’appréhension avaient diminué au coup d’envoi. »
Il y a eu des moments où j’ai pu me rassurer sur des prises de balle en touche, des plaquages. Le match s’était bien passé, et je me suis dit : ‘‘Pourquoi pas ? Il y a une possibilité que je réussisse’’
Dans cette réussite formalisée par ce contrat pro, le 3e ligne a aussi pu profiter à plein du fonctionnement mis en place cette saison avec Jean-Marc Goudal, ancien binôme de Roméo Gontinéac chez les jeunes et qui fait aujourd’hui la courroie entre le staff des pros et celui des jeunes aux côtés de Michel Frachat et Alain Belguiral.
Après des débuts en Pro D2 à l’occasion du premier match de Roméo Gontinéac à la tête de l’équipe, à Perpignan, Théo Cambon fait son trou dans la rotation avec déjà six matches au compteur avant un septième, jeudi soir, à Bourg. Photo Jeremie Fulleringer
En bon capitaine, et avec des mots qui font écho à ceux de Paul Boisset et Jean-Philippe Cassan au moment de se retourner sur leur carrière, Théo Cambon en profitait pour dédier ce contrat à « tous (ses) copains de (sa) génération qui n’ont pas été conservés en même temps que moi, n’ont pas eu cette chance. Parce que ces mecs-là, ce sont des amis que j’aurai jusqu’à la fin de mes jours ».
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Sa génération, celle qui signe une saison remarquable en poule Élite avec un succès chez le leader bordelais cinq jours avant sa prolongation, est aussi pleine de promesses pour l’avenir du club et rappelle la dernière génération à avoir poursuivi son chemin en phase finale chez les jeunes, celle des Segonds, Seyrolle, Salles, Lebreton et Bouyssou… « C’est difficile de comparer les générations », tempère Walter Olombel.
On a une génération qui est au niveau de ce qu’on pouvait attendre. Sur d’autres années, on avait peut-être des faiblesses sur certains postes. Là on a l’avantage d’avoir une équipe complète du 1 au 15, avec des doublures sur certains postes
« Pour nous, les quatre talons du centre de formation doivent postuler avec l’équipe première, que ce soit maintenant ou dans un avenir proche. Sur beaucoup de postes, à l’ouverture, en pilier gauche, en 3e ligne, on a de bons profils. Théo est dans une équipe qui tourne bien et qui tourne bien aussi parce qu’il est dedans ».
Même en perdant sa première place, le centre de formation cantalien reste classé premier pour l’un des trois critères principaux qui concerne les joueurs qui obtiennent un diplôme et passent professionnel. De là à nourrir parfois une forme de déception ou d’incompréhension d’être ignoré par la FFR lors des rassemblements – au moins élargis – de l’équipe de France U20 ?
[FORMATION] A la suite de l’évaluation de l’activité de la saison 2020/2021 des 28 centres de formation concernés, réalisée par la Commission Formation FFR/LNR, voici le classement établi pour la PRO D2. ???? https://t.co/8N3Ac33DoR pic.twitter.com/W5sANaZJ7g
« On est ignoré ? Oui et non. Chaque année les responsables des U20 viennent nous rencontrer pour faire le point sur nos forts potentiels. Mais comme je l’ai dit et comme le président Christian Millette a pu le déclarer, on a peut-être une image qui est générale, liée à la situation géographique, climatique ou l’environnement du club qui ne permet pas d’offrir toutes les formations universitaires des grandes métropoles »
Loin des grandes métropoles et des formations qui vont avec, le côté huppé en plus, Aurillac peine à attirer les meilleurs jeunes français d’ailleurs. Ce qui ne l’empêche pas de trouver et former des pépites de nationalité étrangère. Photo Jeremie Fulleringer
« Les meilleurs jeunes français de 17 ans ne veulent pas venir. Ils vont vers ce qui brille, mais notre centre de formation est là », pose le directeur sportif. Car, pour Aurillac, la mission première est d’alimenter son équipe première avant de penser aux Bleuets.
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« Que le joueur soit Espagnol, Néerlandais ou Géorgien ne nous pose aucun souci à partir du moment où le joueur s’intègre à notre mode de fonctionnement. À force de travail et d’abnégation, les joueurs ont un environnement favorable pour réussir. On a des joueurs de 2001, 2002 ou 2003 qui ont le niveau U20 mais qui sont de nationalité étrangère. On n’est pas fermé. »
Walter Olombel (Directeur sportif du Stade Aurillacois)
« On lance aussi un appel aux jeunes français, à eux de nous faire passer leur CV. Si on faisait une équipe Espoirs uniquement avec notre bassin démographique, ce serait très compliqué. Même si depuis plusieurs années, avec la dizaine de clubs autour, jusqu’à Decazeville, d’où venait Joris (Segonds) et Loïc Rouquette qui a fait quelques matches en première, ça se passe très bien ».
Et dans un monde avec beaucoup d’appelés et peu d’élus, Aurillac parvient aussi à amener vers le niveau professionnel des joueurs du cru, pas seulement des pépites piochées ailleurs et façonnées ici, comme Cambon.
Jean-Paul Cohade
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4 février, 2022 0 Comments 1 category
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