Assises de l'animation : un plan pour renforcer la complémentarité scolaire-périscolaire – Banque des territoires

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Lancées par la secrétaire d’État Sarah El Haïry en novembre 2021, les assises de l’animation se sont clôturées ce mardi 22 février. Sur fond de difficultés de recrutement pour les collectivités et les associations prestataires, ces assises débouchent sur un plan de 25 mesures, doté de 64 millions d’euros, qui vise à « renforcer la complémentarité éducative dans les territoires » et « améliorer les conditions d’exercice de l’animation ».  
Accueil des enfants le matin, cantine le midi, étude le soir, centre de loisirs le week-end et colonies pendant les vacances… les personnels de l’animation sont en charge des enfants quotidiennement et pourtant, 80% des collectivités territoriales et associations ont connu des difficultés de recrutement à la rentrée scolaire 2021,selon une étude (1) citée lors des assises de l’animation qui viennent de se clôturer ce 22 février. Sur l’année scolaire 2021-2022, le ministère de l’Éducation recense 50.000 postes d’animateurs « non-pourvus et à pourvoir ». Entre 2011 et 2019, le nombre de Bafa délivrés par an a été réduit de 20%, ce qui a abouti, cet été, à l’annulation de séjours « non pas faute d’enfants inscrits mais faute d’encadrants ». Des chiffres que la seule crise sanitaire n’explique pas. « La perte d’attractivité a des sources plus profondes : les jeunes se détournent de ces métiers qui leur semblent intéressants mais peu valorisés, peu rémunérés, avec des temps de travail morcelés et manquant de perspectives d’évolution. » Cette analyse du ministère de l’Éducation est partagée par les professionnels du secteur et notamment de l’Association nationale des directeurs et des cadres de l’éducation des villes et des collectivités territoriales. L’Andev avait en effet tiré en effet la sonnette d’alarme dans nos colonnes à la rentrée dernière (lire notre article du 4 octobre 2021).
C’est dans ce contexte général et à l’issue de trois mois de travaux avec les représentants des collectivités territoriales, des organisations professionnelles et des associations employeuses du secteur de l’animation socio-éducative que la secrétaire d’État Sarah El Haïry a présenté le plan « Pour un renouveau de l’animation en accueils collectifs de mineurs ». Il comprend 25 mesures pour un investissement total de l’État à hauteur 64 millions d’euros pour 2022, qui se répartit ainsi : 53 millions d’euros à destination des collectivités territoriales qui initient un plan Mercredi ; 5 millions d’euros pour la formation de 30.000 jeunes au Bafa, dont 10.000 volontaires du service civique ; 4 millions d’euros pour la formation de 2.500 animateurs professionnels non diplômés.
« Pour porter les mesures de moyen et long termes », le plan prévoit la création d’un « comité de filière Animation » qui réunira l’ensemble des acteurs de la filière, à savoir l’État, les collectivités, les différentes branches et les organisations syndicales. Celui-ci aura la responsabilité de la « feuille de route » du plan et conduira, pour cela, les concertations entre les acteurs du secteur qui permettront de faire émerger des solutions de consensus dans la durée. Il sera installé au printemps 2022 pour un an renouvelable.
Afin de soutenir la qualité éducative dans les accueils collectifs de mineurs, le financement proposé aux collectivités qui s’engagent dans la définition d’un plan Mercredi sera renforcé en 2022, avec le soutien de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf). D’où l’enveloppe de 53 millions d’euros. « Pour clarifier et actualiser régulièrement le cadre d’exercice de la complémentarité éducative, des orientations annuelles seront adressées par le ministre de l’Éducation nationale au comité de filière et aux recteurs », détaille le dossier de presse.
Sur cette base, il est prévu qu' »une structuration territoriale se mette en place avec la désignation d’un référent départemental à la complémentarité éducative ». Au niveau local, le dispositif prévoit l’encouragement de la participation des directeurs périscolaires dans les conseils d’école, aux côtés du maire ou de son représentant, et l’organisation d’une réunion trimestrielle entre le directeur d’école, le directeur périscolaire et les représentants des parents d’élèves.
Pour sensibiliser les élus locaux, notamment dans les zones rurales, ainsi que les services administratifs, sur les opportunités pour leur territoire « d’investir dans la complémentarité éducative », le plan prévoit une campagne de communication dédiée et un renforcement de la formation des fonctionnaires territoriaux sur ces enjeux, avec l’appui du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).
Sans modifier le cadre d’action existant (PEDT, plan Mercredi), le comité de filière sera « invité à réfléchir aux moyens de soutenir les collectivités » pour qu’elles puissent « au maximum tendre vers des pratiques de gestion de leurs accueils collectifs de mineurs qui garantissent de bonnes conditions de délégation aux associations, une qualité de gestion des ressources humaines (selon des critères d’emploi, de rémunération et de formation) et une ambition éducative partagée avec l’école ». Le ministère annonce que « le respect de ses bonnes pratiques identifiées par le comité pourrait dans un second temps constituer un élément d’évaluation pour le soutien financier de l’État ».
Ce plan prévoit également que le comité de filière étudie « les moyens d’encourager la constitution de groupements de coopération public-privé réunissant les acteurs locaux, et en premier lieu les collectivités, et les associations gestionnaires d’accueils collectifs de mineurs ». Enfin, il aura à réfléchir, en concertation avec la Cnaf, aux « possibilités de renforcer le soutien aux collectivités rencontrant le plus de difficultés, notamment les quartiers prioritaires de la ville, les zones de revitalisation rurale et les territoires ultramarins ».
Autre aspect du plan : la formation continue. En effet, une part importante des animateurs professionnels exerce plusieurs années sans avoir accès à des actions de formation. Pour 2.500 d’entre eux, en exercice depuis au moins 3 ans mais sans qualification ou dotés du seul Bafa, l’État versera une aide exceptionnelle en 2022 leur permettant de se former au certificat de qualification professionnelle (CQP Animateur périscolaire). Concrètement, cette aide de 4 millions d’euros prendra la forme d’un soutien accordé à la branche professionnelle, à hauteur de 1.600 euros par animateur, pour la prise en charge des frais pédagogiques de la formation.
Par ailleurs, le comité de filière sera missionné pour trouver les voies et moyens d’un engagement de tous les employeurs, privés comme publics, « à ne laisser aucun animateur sans formation après trois années d’exercice professionnel ».
Ce plan prévoit également de faciliter l’accès des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) et accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) aux métiers de l’animation par les structures périscolaires. Le dossier précise que « la possibilité réglementaire, existante, pour les collectivités, de positionner des Atsem sur des fonctions d’animation périscolaire » sera étendue dès 2022 aux associations gestionnaires d’accueils collectifs de mineurs et que les collectivités pourront recruter des AESH.
Obstacles bien identifiés des métiers de l’animation, les contrats à temps partiel, avec des journées fractionnées (matin, pause méridienne, fin de journée), synonymes de rémunérations incomplètes et de déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle. Pour tenter de résoudre ces difficultés, le comité de filière sera « invité à travailler au rapprochement entre acteurs locaux pour faciliter les cumuls d’emploi représentant des temps de travail complets via, notamment le développement de groupements de coopération ; les passerelles entre fonction publique d’État, fonction publique territoriale et emploi associatif et l’harmonisation des grilles de rémunération à postes équivalents dans la fonction publique territoriale et la branche ».
L’animation dite « volontaire » n’est pas un « job d’été » ou un « job étudiant » comme un autre et « l »animation occasionnelle doit être repositionnée dans la politique d’engagement, aux côtés du service civique ou du corps européen de solidarité, en tant qu’engagement volontaire des jeunes », estime le ministère qui espère que ce changement « contribuera à renouveler l’attractivité du Bafa pour les jeunes ».
Dans cette perspective, les organismes de formation seront invités à créer de nouveaux modules autour de l’intérêt général pour les stages d’approfondissement : « projets citoyens », « développement durable », « inclusion/handicap ». Une expérimentation sera lancée dès 2022 pour 200 stages d’approfondissement sur l’engagement citoyen, financés par l’État et gratuits pour les jeunes, dans la perspective de l’encadrement du SNU.
Par ailleurs, la formation Bafa sera inscrite parmi les formations reconnues dans le cadre du contrat d’engagement jeunes (CEJ) dès sa mise en oeuvre en mars 2022 et une aide de 100 euros sera versée aux volontaires du service civique qui souhaitent se former au Bafa. « Pour sensibiliser un maximum de jeunes à l’opportunité que représente le Bafa, une information sera dispensée chaque année au sein des lycées, via les espaces numériques de travail, auprès des jeunes de 16 ans, ainsi que dans le cadre du SNU », précise le dossier de presse.
À noter qu’une aide exceptionnelle est accordée en 2022 à 20.000 jeunes qui terminent leur formation Bafa. Cette mesure avait été annoncée en octobre 2021 et est mise en oeuvre depuis le mois de janvier 2022. « En ciblant les jeunes qui réalisent la phase 3 de leur formation, cette mesure sera de nature à inciter de nombreux jeunes à finaliser leur formation rapidement, pour venir renforcer les équipes d’animation dès l’été prochain », mise le ministère. Autre modification : l’âge minimum d’entrée en formation sera abaissé à 16 ans à compter du 1er juillet 2022.
Enfin, il est prévu que le contrat d’engagement éducatif (CEE), contrat réservé aux accueils collectifs de mineurs, dérogatoire du droit du travail pour les aspects de rémunération (minimum légal de 23,50 euros par jour) et de durée du travail, soit revalorisé. Le comité de filière doit s’y pencher et faire en sorte de réserver ce contrat aux seuls accueils collectifs de mineurs avec hébergement.
(1) réalisée par le Fonjep et Hexopée.






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