Dans une note publiée ce mercredi 9 février, le cabinet de conseil en stratégie sociale Quintet propose une série de mesures explosives aux candidats à la présidentielle.
afp.com/CHARLY TRIBALLEAU
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Un « big bang » : c’est en ces termes que l’ancienne ministre Muriel Pénicaud avait présenté la réforme de la formation professionnelle mise en place pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. En faudra-t-il un deuxième ? Si le sujet des compétences reste peu abordé par les candidats à l’élection présidentielle, les économistes le martèlent depuis des mois (voire des années ) : celles-ci sont devenues un enjeu économique prioritaire dans un monde en pleine mutation. Malgré le succès de la réforme de 2018, qui a provoqué un boom de l’apprentissage et de l’utilisation du CPF, la partie est encore loin d’être gagnée, et ce chantier fera sans aucun doute partie des grands dossiers du prochain quinquennat.
Les aspirants à l’Elysée trouveront peut-être du grain à moudre dans une note publiée ce mercredi 9 février par le cabinet de conseil en stratégie sociale Quintet, qui met sur la table douze propositions audacieuses pour un nouveau « big bang » en matière de formation. « Notre vision est de faire de la France une nation leader mondial des compétences en dix ans », explique Antoine Foucher, président de Quintet Conseil, et ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud. Une vision déclinée en trois objectifs : former les Français aux compétences nécessaires dans les secteurs stratégiques et de la transition énergétique, diriger les formations initiales et continues sur les besoins des entreprises et garantir à chacun un accès simple à une formation de qualité tout au long de la vie.
Si certaines propositions risquent de faire facilement consensus – créer une « plateforme de reconversion d’intérêt général » qui donnerait toutes les informations nécessaires sur les compétences et les métiers dont la France a particulièrement besoin sur la prochaine décennie, ou rendre public le taux d’insertion dans l’emploi pour chaque formation sur les portails Affelnet et Parcoursup lorsque les collégiens et les lycées décident de leur orientation – d’autres risquent d’animer le débat. Parmi celles-ci, la fermeture des classes de lycées professionnels et la suppression du financement des sections de CFA qui ont pendant deux années de suite des taux d’insertion de moins de 50%. « Il faut arrêter avec les formations qui mènent au chômage », plaide Antoine Foucher. Une mesure qui ne manquerait pas de provoquer des remous au sein de l’Education nationale…
Mais c’est sur le plan des dépenses que la note s’avère encore plus explosive. Abondement du CPF des jeunes qui arrêteraient leurs études après le bac et des actifs qui s’engageraient dans une reconversion vers un « métier d’intérêt général », accès automatique à l’assurance-chômage pour les salariés qui démissionneraient afin de s’orienter vers ce type de job, gratuité à tout âge de l’apprentissage des compétences de base, création d’une « assurance accompagnement » pour les personnes qui souhaitent changer d’emploi, ouverture de l’apprentissage à tous, etc. Des mesures ambitieuses et disruptives, mais qui ont un coût non négligeable et qui risquent de hérisser les poils des défenseurs de la rigueur budgétaire.
Selon les calculs du cabinet Quintet Conseil, la mise en place de ces propositions et le renforcement de l’effort déjà engagé en matière de formation coûteraient 25 milliards d’euros sur cinq ans, soit 0,2% du produit intérieur brut. Des milliards d’euros qui pourraient être financés selon eux par un plan grand européen, ou alors « facilité(s) par les nouvelles règles budgétaires européennes. » Un immense chantier à mener avant de pouvoir lancer un nouveau « big bang »…
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27 février, 2022 0 Comments 1 category
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