« Il faut cinq ans pour devenir tonnelier », précise d’emblée Bruno Nègre, formateur en tonnellerie au Campus des métiers de Cognac, l’un des trois établissements en France à dispenser le CAP tonnellerie (les deux autres sont à Beaune et à Blanquefort). Cette remarque souligne à elle seule toute…
« Il faut cinq ans pour devenir tonnelier », précise d’emblée Bruno Nègre, formateur en tonnellerie au Campus des métiers de Cognac, l’un des trois établissements en France à dispenser le CAP tonnellerie (les deux autres sont à Beaune et à Blanquefort). Cette remarque souligne à elle seule toute la technicité du métier. « Diplôme en poche, ils ont certes tous les outils en main, mais ce n’est qu’avec plusieurs années d’expérience qu’ils vont acquérir l’ensemble de ses subtilités. »
Durant leurs deux années de formation, ils voient les dix étapes essentielles à la fabrication d’un tonneau, qui vont du choix des douelles (lattes de bois, essentiellement en chêne, qui constitueront le tonneau) jusqu’à l’étanchéité du fût, en passant par le curetage, la chauffe ou encore le cintrage.
Un savoir-faire multiséculaire à maîtriser et qui a quelque peu évolué. « Le référentiel de la formation était à dépoussiérer, car la chaîne de fabrication des tonneaux est aujourd’hui automatisée », précise Sophie Lataillade, directrice du CFA. La Fédération nationale des tonneliers de France a ainsi confié en 2018 au pilotage de la Chambre des métiers de la Charente une étude diagnostic visant à anticiper et à accompagner les transformations. Ce qui devrait déboucher la rentrée prochaine sur un nouveau référentiel prenant en compte l’apprentissage des outils à commande numérique. « Toutefois, les techniques de base du métier ne sont pas remises en cause. Elles sont primordiales pour toute l’activité de réparation des tonneaux, d’ailleurs très importante en Charente, et qui, elle, ne peut pas être mécanisée. Sera également priorisée la bonne connaissance du bois. »
La France est leader au niveau mondial dans le secteur de la tonnellerie, « et les Charentes constituent la principale zone de production, les diplômés n’ont ainsi aucun problème pour trouver un emploi. Le seul bémol, nous ne formons pas assez de jeunes. » Autre constat, les locaux, qui datent des années 1990, n’offrent pas les meilleures conditions d’apprentissage.
« Dans le prolongement de l’étude menée sur la réforme du diplôme, une réflexion a été engagée avec le Groupement des maîtres tonneliers des Charentes pour construire la « tonnellerie du futur », dont l’objectif est de répondre aux attentes des conditions d’enseignement, mais aussi aux besoins de la profession », poursuit Sophie Lataillade.
Ce nouveau bâtiment, qui devrait sortir de terre d’ici à trois ans, prendra forme sur un terrain vague à proximité de l’actuel et s’étalera sur 1 500 m². « Outre l’atelier du CAP, le lieu sera conditionné pour accueillir une nouvelle formation unique au monde sur les grands contenants (appelés aussi « foudres » et pouvant aller jusqu’à 7 mètres de haut) qui demandent une matière première, un savoir-faire et des outils spécifiques. Ce nouvel outil sera ouvert aux centres de Beaune et de Blanquefort, qui pourront y envoyer leurs élèves », conclut Sylvie Lataillade.
5 mars, 2022 0 Comments 1 category
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