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Près de 250 personnes ont découvert à Conches le cursus qui mène au métier. Attractive, la formation doit refuser du monde.
C’est un métier qui fascine, mais pour lequel savoir conduire à toute allure ne suffit pas. En plus d’une tête bien faite et bien remplie, les ambulanciers doivent aussi avoir un cœur bien accroché et surtout ouvert. Malgré sa dureté, le métier attire plus de postulations qu’il ne peut en absorber.
Samedi, quelque 250 personnes ont profité des portes ouvertes de l’École supérieure de soins ambulanciers à Conches. Des salles combles et surtout particulières. Ici on s’exerce à poser une voie veineuse sur un bras artificiel devant une carcasse de voiture où s’apprend la désincarcération. Là, on est dans l’environnement d’un lit de soins intensifs, puis dans un simulacre d’appartement – baignoire incluse. On tombe alors sur la réanimation d’un mannequin sophistiqué, capable même de vomir, avant de croiser un simulateur de conduite.
Sur le perron, les parents et grands-parents d’Amélie, étudiante en 1re année, sortent de leur initiation. Ils se disent impressionnés par le «monstre savoir-faire» qu’exige la profession et par le matériel que l’école utilise pour s’approcher au plus près du réel.
Ils croisent Mélissa, visiteuse de 22 ans qui vient de postuler à la formation. «J’ai fait des stages et je sais que c’est un métier intense, qui bouge, sans monotonie», affirme-t-elle. Les inscriptions pour la rentrée de septembre ferment bientôt. Chaque année, il y en a près de 150 alors que seuls 20 dossiers seront retenus. La sélection inclut des tests psychotechniques ou des mises en situation.
Mais les poussées d’adrénaline ne sont pas tout. Le dispositif ambulancier «fait partie du maillage social du canton», souligne Harold Martin, directeur du Centre de formation professionnelle santé, dont fait partie l’école. «Les postulants sont souvent dans le cliché, disant vouloir vivre des choses intenses, sauver des vies, rapporte Valérie Vichet, doyenne de l’école. Mais la réalité, c’est qu’un tiers des interventions ont trait à des cas de grande solitude, de dépression, de maltraitance, ou de simples chutes…» Quand on lui demande les qualités requises, elle commence par citer l’empathie et l’humanisme.
Reste que l’urgence extrême survient aussi. Le personnel ambulancier doit savoir se mouvoir sur une grande échelle, plonger en eau glacée ou administrer de son propre chef des médicaments en l’absence d’un médecin. En ce sens, la pratique suisse s’approche de celle des Anglo-Saxons: on est bien plus qu’un brancardier. On passe en une journée du drame – accidents graves ou suicides – à la joie de prêter main-forte lors d’un accouchement. Le tout sans prévenir. Mieux vaut ne pas être allergique à l’imprévu et aux horaires atypiques, diurnes et nocturnes.
«Cela me stimule beaucoup de devoir faire les choses rapidement et surtout correctement, témoigne Aurélien Annichini, étudiant de 1re année. Si on cumule des interventions lourdes sur une tranche de douze heures, on voit aussi qu’on peut être exténué.» Le jeune homme a choisi sa voie après une maturité puis un passage dans les troupes sanitaires de l’armée qui l’a mené ensuite à officier comme auxiliaire en soins intensifs durant la crise sanitaire.
«On se lève sans savoir de quoi la journée sera faite et on est en contact avec toute la population, du nouveau-né à la personne âgée, enchaîne Maude Ramseier, étudiante en 2e année. Je ne me serais pas vue derrière un bureau! On est tout de suite dans le réel et la pratique, sans devoir passer par tout le long cursus de médecine.»
Melody Scolari, elle, achève sa formation entamée à 38 ans, après avoir scolarisé ses quatre enfants. «Ce qui me motive, c’est d’être là pour les gens dans un moment difficile et de le rendre le plus confortable possible pour eux, témoigne-t-elle. Oui, on peut faire face à des choses très graves. On doit trouver des moyens de se décharger si on y pense trop. Il faut bien s’entourer et veiller à l’équilibre entre vie privée et professionnelle.»
Le public a suivi les ateliers animés par les étudiantes et étudiants – à parité dans l’école. Si le métier a pu être hostile aux femmes pour des raisons de force physique, ce n’est plus le cas avec la mécanisation d’un matériel par ailleurs allégé.
Ponctuée de stages, la formation en soins ambulanciers exige un certificat ou diplôme secondaire au préalable et est couronnée au bout de trois ans par un travail de diplôme. L’un d’eux a jaugé les points noirs du métier: perspectives de carrière insuffisantes, pénibilité des horaires et incompatibilité avec la vie sociale sont les écueils les plus cités. L’emploi est presque assuré à la sortie de l’école. avec une rémunération démarrant à quelque 5000 fr.
Marc Moulin est journaliste à la rubrique genevoise depuis 2013. Il s'intéresse notamment à la politique en général et plus spécialement aux enjeux de mobilité. Il a par le passé travaillé au «Temps», à la Radio Suisse Romande (actuelle RTS) et à One FM. Né à Genève, il y a obtenu une licence ès Lettres.
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6 février, 2022 0 Comments 1 category
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