La voiture électrifiée constitue, à coup sûr, une des pistes d’avenir du déplacement automobile, avec 2040 en date butoir pour la fin des ventes de véhicules thermiques. Dans une dizaine d’années, l’engin électrifié sera donc devenu la norme.
En conséquence, nombre de flottes font évoluer car policy et catalogues de véhicules pour faire place à des « wattures », soit des engins propulsés par le watt et non plus par de la vieille essence. Cette révolution est en marche. Mais les gestionnaires de flotte sembleraient encore réticents à former leurs conducteurs à des véhicules plus « compliqués » que les anciens modèles thermiques.
La voiture électrifiée constitue, à coup sûr, une des pistes d’avenir du déplacement automobile, avec 2040 en date butoir pour la fin des ventes de véhicules thermiques. Dans une dizaine d’années, l’engin électrifié sera donc devenu la norme.
En conséquence, nombre de flottes font évoluer car policy et catalogues de véhicules pour faire place à des « wattures », soit des engins propulsés par le watt et non plus par de la vieille essence. Cette révolution est en marche. Mais les gestionnaires de flotte sembleraient encore réticents à former leurs conducteurs à des véhicules plus « compliqués » que les anciens modèles thermiques.
« Nous n’avons pas, pour l’instant, de demande en ce sens, commente Nathalie Tournier, responsable pédagogique chez Vanberg, un centre de formation spécialiste des risques routiers. Mais nous proposons des cursus en éco-conduite qui reviennent, grosso modo, à la même chose. Cependant, des constructeurs nous sollicitent pour des cursus de prises en main des véhicules électriques mais il n’y a pas de demandes suffisantes chez nous pour monter un projet. »
Pareillement, la plupart des constructeurs que nous avons interrogés ne prévoient pas de former les conducteurs à leurs modèles électrifiés (lire l’encadré ci-dessous). Selon un formateur qui requiert l’anonymat, les constructeurs ne veulent pas de ces formations tant ils ont l’habitude de toujours préciser que leurs véhicules s’adaptent aux conducteurs. « Expliquer à ces derniers qu’il faut s’adapter à la conduite électrifiée irait, selon ces constructeurs, à l’encontre d’un discours commercial promouvant exclusivement la qualité des véhicules », poursuit ce formateur.
On pourrait en conclure qu’il n’est pas nécessaire de se former pour conduire un véhicule électrifié. Un avis que peuvent partager certains conducteurs. « Ils estiment que rouler en voiture électrique fait d’eux des éco-conducteurs. C’est faux. Une formation d’une journée est indispensable pour intégrer de nouvelles informations », rappelle Jean-Noël Varejao, gérant du bureau d’études HDM, spécialiste de la création d’outils pédagogiques à destination des formateurs en éco-conduite et sécurité routière.
Sans oublier non plus que l’électrification des flottes en est encore à ses débuts. « En matière d’électrification comme de formation, nous en sommes aux balbutiements, confirme Martine La Roche, responsable du parc de Johnson & Johnson. Nous formons nos conducteurs à la conduite mais pas à la conduite de véhicules électrifiés », complète cette gestionnaire très en pointe sur la sécurité routière. De fait, la flotte de ce spécialiste de la santé ne compte que 35 hybrides sur un total de 1 200 véhicules.
Mais pour nombre d’acteurs de l’univers des flottes, la « conduite électrifiée » n’en doit pas moins être apprise. « Si le client veut employer pleinement nos véhicules, il doit être formé. Je conseille aux gestionnaires de flotte de penser avant tout à leurs collaborateurs, avant même les questions financières. Au-delà de l’impact sur le TCO, il y a un impact en termes de sérénité, de confiance en son entreprise. La conduite en fait partie », argumente Thomas Gérard, chef du département ventes & marketing – sociétés, utilitaires, occasions de Toyota Lexus.
Ce discours, à bas bruit, commence à s’infiltrer dans les consciences. « Nous ne croyons pas aux formations classiques à la prise en main des véhicules électrifiés », souligne Catherine Berthier, mobility manager du spécialiste de l’ingénierie et du conseil en innovation Assystem, à la tête de 1 000 véhicules dont quinze électriques. Ses arguments : ces formations sont très coûteuses et les salariés oublient très vite les concepts acquis. « Mais nous développons avec le formateur Woonoz des cursus en e-learning qui fonctionnent sur l’ancrage mémoriel et la répétition des consignes. Nous démarrons ces cursus. C’est une façon de former nos collaborateurs-conducteurs à certains moments et de répéter les consignes régulièrement », complète Catherine Berthier.
La réflexion est aussi en cours pour l’équipementier automobile JTEKT Europe. « Je n’ai mis en place que peu de formations d’initiation à la prise en main de véhicules électrifiés. Mais je trouve la démarche très intéressante », explique Catherine Dutang, gestionnaire de flotte à la tête 150 véhicules dont pour l’instant quelques hybrides.
« Ces véhicules supposent un autre mode de conduite. Il est important que nos conducteurs en aient conscience, qu’ils sachent comment gérer leur consommation énergétique », reprend Catherine Dutang. JTEKT possède en parc une Mercedes hybride. « Le conducteur doit devenir acteur de sa consommation. Cela s’apprend. Notre concessionnaire s’en charge lors de la prise en main en procédant à des essais avec le collaborateur concerné. C’est un service Mercedes, mais cela demeure une initiative locale qu’il faudra négocier avec le garage du coin », conclut cette responsable.
D’autres gestionnaires de flotte se montrent complètement convaincus du bien-fondé de la formation à la conduite électrifiée. « Nous devons former nos conducteurs », avance Mélaine Pouchain, responsable mobilité de déplacement et environnement de travail chez Metro France. Cette dernière est en charge des 900 véhicules, dont neuf électriques ou hybrides, de ce grossiste en produits alimentaires et en équipements.
« À mon sens, ces cursus ont pour but de faire reculer les consommations d’énergie, reprend Mélaine Pouchain. Nos salariés doivent conduire différemment et les cursus d’éco-conduite leur facilitent la tâche, d’autant que les villes se ferment et se fermeront aux engins thermiques. Mais ces formations peuvent coûter cher. Nous pourrions alors développer plus de communication sur ce sujet et des approches innovantes, pousser à une forme d’autogestion de sa conduite. Mais cela va venir vite », note Mélaine Pouchain. Qui a déjà entamé la suppression des modèles thermiques dans un parc de 870 véhicules diesel sur 900. « Le catalogue voitures a totalement changé. En 2023, nous n’aurons quasiment plus de diesel ; nos prochains engins seront électriques et hybrides. Il faudra donc accompagner nos collaborateurs dans leur conduite », anticipe Mélaine Pouchain.
De fait, se former à la conduite électrifiée devrait aller de soi tant les raisons pour s’acclimater à ces véhicules sont nombreuses. Tout d’abord, ces cursus contribuent à convaincre les conducteurs de passer au non-thermique. Si ces derniers se montrent réticents devant ces nouvelles motorisations, une formation leur en montrera tous les intérêts, avec à la clé un usage cohérent de ces voitures, pour profiter ensuite des qualités de l’électrique : un couple bas qui offre d’obtenir rapidement la puissance maximale, une conduite « anticipante » et la possibilité de recharger lors des descentes et du freinage.
Ces formations favorisent aussi la pleine utilisation des très nombreux équipements dont se dotent ces modèles. Les salariés s’initient alors au régulateur de vitesse, au maintien dans la voie, au limiteur de vitesse, au régulateur adaptatif, aux détecteurs de présence, aux radars de distance qui ralentissent automatiquement le véhicule s’il ne maintient pas la bonne distance de sécurité, etc. « Pour améliorer la qualité de conduite d’un véhicule électrique ou hybride, le gestionnaire de flotte doit, en premier lieu, choisir un concessionnaire et/ou une marque automobile qui offrent une session de prise en main digne de ce nom. Malheureusement, très peu de prestataires offrent ce service. Pourtant, c’est une opportunité de mieux connaître les équipements de sécurité, beaucoup plus nombreux sur les véhicules électriques que sur les thermiques », commente Jean-Noël Varejao pour HDM.
De plus, il faut agir sur les peurs liées au changement. « Je rencontre des gestionnaires de flotte dont les conducteurs, à qui l’on “propose“ des véhicules électriques, rechignent à les emprunter. Ils ne sont pas à l’aise avec ces engins, décrit Charlie Porcelluzzi, président d’Axiroute Prévention, une société de formation à la prévention des risques professionnels en entreprise. Ce prestataire commercialise donc un stage d’une journée à destination de groupes de huit conducteurs pour 1 000 euros. « Le véhicule mal employé peut sinon rester sur le parking, voire occasionner de petits accrochages car le moteur électrique peut surprendre tant la puissance est de mise à la moindre pression sur la pédale d’accélérateur », avertit Charlie Porcelluzzi.
« Avec nos formations, le stagiaire se rapprochera aussi des promesses des constructeurs en gérant mieux les questions de chauffage, de pression des pneus. Il ira vers une conduite apaisée en recourant avec parcimonie à l’accélérateur », expose Jérôme Couaillier, responsable pédagogique pour l’Automobile Club Prévention. Cet organisme de formation mise sur des stages d’une heure par conducteur pour la prise en main d’un véhicule électrique ou hybride, ou sur un cursus d’une demi-journée en éco-conduite à raison de 1 180 euros HT pour trois salariés.
Dans ces formations aux véhicules électrifiés, on apprend aussi à gérer au mieux son véhicule pour bénéficier d’une autonomie importante. « Une personne qui conduit mal son véhicule perd de l’ordre d’un tiers de son autonomie, estime Alain Rohel, dirigeant de l’organisme de formation LVR Fleet (La vie routière). Un véhicule doté de 300 km d’autonomie électrique selon son constructeur, ne roulera alors que 200 km… Ce qui va générer des temps supplémentaires de recharge et faire que le véhicule choisi ne convient plus. »
Avec l’hybride rechargeable pareillement, les cours apprennent à employer au mieux le moteur électrique qui ne fonctionne que jusqu’à 45-50 km/h. Au-delà, le moteur thermique prend le relais avec une consommation de carburant en hausse. En ville, il est donc essentiel de ne pas dépasser ces vitesses. Encore faut-il le savoir. Sans oublier non plus de recharger très régulièrement le véhicule pour privilégier la conduite en mode électrique.
Les cursus aident aussi à appréhender la conduite d’un véhicule beaucoup plus silencieux que les thermiques. Si l’on n’y fait pas attention, ce silence peut provoquer des accidents avec des piétons ou des cyclistes qui n’entendent pas le véhicule électrique ou hybride en approche.
Du côté des formateurs, on met en avant de faibles coûts de formation par rapport aux bénéfices des cursus et au regard du coût des véhicules qui dépasse généralement les 30 000 euros. Ainsi, LVR Fleet dispense une formation de 1 h 45 à destination des conducteurs de véhicules électrifiés, pour 225 euros par stagiaire. De quoi convaincre les gestionnaires de flotte les plus avant-gardistes.
Reste ensuite à choisir le bon formateur. À partir du 1er janvier 2022, tous les organismes de formation devront disposer de la marque de certification qualité Qualiopi. Cela va aider à faire le tri entre les bonnes et les moins bonnes structures. D’ici là, il faudra préférer les organismes qui ont déjà mené des actions en vue d’obtenir cette certification.
Ensuite, la formation reste une question de rapports humains. Il est donc essentiel de contacter son formateur et de mesurer si le « courant » passe bien avec lui. Enfin, le gestionnaire de flotte pourra, pour diminuer les coûts, négocier ses formations auprès de son concessionnaire le cas échéant. Les cursus de prise en main des poids lourds sont courants ; pourquoi n’y en aurait-il pas pour les véhicules légers ? C’est alors l’occasion de demander à son concessionnaire s’il connaît un formateur de qualité. Ou d’insister sur le fait qu’au vu de son (sur)coût, une voiture électrique doit être associée à un service de formation financé par le concessionnaire…
Lorsqu’il est question de former à la conduite des véhicules électrifiés, les constructeurs semblent encore manquer à l’appel. « Je ne m’appuierai pas sur eux pour l’instant. En général, ils ne proposent pas d’accompagnement à la prise en main de ces véhicules. Ce service manque. C’est vrai des constructeurs mais aussi des loueurs », constate Mélaine Pouchain, responsable mobilité de déplacement et environnement de travail chez Metro France. « Nous n’avons pas de formation à la conduite de véhicules électriques ou hybrides rechargeables », nous ont ainsi répondu Mercedes ou Kia, entre autres constructeurs.
En revanche, Toyota met en avant sa Beyond Zero Academy, et Lexus son Electrified Program. « Il s’agit d’accompagner les conducteurs pendant deux heures à la prise en main d’un de nos véhicules. Le cours est réalisé par un organisme de formation. Nous formons quelque 10 000 clients par an. Nous avons évalué les gains à 20 % d’économie énergétique et autant en baisse de la sinistralité. Car si on conduit mal nos véhicules électrifiés, on consomme plus d’énergie et on a plus d’accidents avec, à la clé, des frais de remise en état plus importants », argumente Thomas Gérard, chef du département ventes & marketing – sociétés, utilitaires, occasions pour Toyota Lexus.
Ces stages sont réalisés dans l’entreprise, au domicile du collaborateur ou dans un des centres de formation des deux marques. Ce cursus coûte 240 euros par conducteur, « un tarif intégré dans nos prix de vente », conclut Thomas Gérard.
Consultez nos fiches pratiques rédigées par des experts de la gestion de flottes
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