Police : un "serious game" pour apprendre à mieux gérer l’accueil dans les commissariats – France Inter

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Pour ne pas utiliser certains mots et attitudes pièges susceptibles de bloquer ou braquer une victime, les agents disposent depuis l’été dernier d’un « serious game » sur la plateforme de formation continue digitale de la Police nationale.
Les témoignages ne manquent pas ces dernières années quant à l’accueil parfois glaçant ou totalement déplacé réservé aux victimes à l’accueil d’un commissariat, et pas seulement les victimes d’agressions sexuelles et de violences conjugales. Thierry, jeune brigadier et développeur à la Direction nationale de la formation à Clermont-Ferrand, a gagné cette année l’un des prix de l’innovation de la Police nationale avec un « serious game » qu’il présentait ces jours-ci au ministère de l’Intérieur, place Beauvau à Paris. Il s’est inspiré de ce qu’il a vécu lui-même à l’accueil d’un commissariat en Île-de-France, avec l’aide de collègues et les conseils de psychologues. 
Ce passionné d’informatique a créé des avatars et les algorithmes qui permettent de s’installer virtuellement derrière le comptoir d’accueil d’un commissariat. Parmi les huit personnages virtuels de cette simulation interactive, une jeune femme frappée pour la première fois le matin même par son conjoint, une personne âgée présentant des symptômes de la maladie d’Alzheimer, un conducteur alcoolisé ou encore une victime d’agression homophobe. « En fonction des mots que vous choisissez, la situation va complètement changer, et les thèmes interagissent entre eux », raconte Thierry. 
Une petite phrase anodine peut avoir, on le sait, des conséquences terribles. Dans le jeu, on peut effectivement voir les suites de certaines répliques. Par exemple, c’est l’occasion de prendre la mesure des différences entre dire « je vous écoute » ou de manière proche mais foncièrement moins sympathique « dotes toujours ». Car le risque est que la personne reparte sans formuler ce qu’elle avait à dire. 
Un simple coup de fil interne interrompant la parole d’une victime peut « ruiner » selon le policier clermontois la confiance naissante d’une victime en état de choc écoutée, « surtout quand c’est un collègue qui insiste pour aller boire un café et qu’on finit par décrocher le téléphone et dire qu’on en a pour cinq minutes seulement ». Sans parler des cas dramatiques quand un agent n’a pas réussi à retenir une personne en souffrance ou à interpeller une personne dangereuse, qui peut commettre une agression peu de temps après avoir quitté le commissariat. 
Dans les items mettant en scène des avatars de ce dernier né des modules de formation digitale de la Police nationale, on trouve aussi des situations plus cocasses et caricaturales mais qui peuvent vite dégénérer comme ce conducteur énervé venu tenter de faire sauter un PV et qui affirme connaître le maire. « On peut lui dire que nous aussi on connaît le maire », sourit le jeune brigadier. Reste que l’ironie a ses limites face à ce genre de personnes qui n’hésitent en général pas à menacer un agent ou une gardienne de la paix sur le mode du « vous savez qui je suis ? »
Mieux vaut alors mettre un terme à la discussion selon le policier en rappelant à ce type d’interlocuteur agacé que c’est la procédure, que la Police nationale ne peut rien faire sur ce sujet précis et le renvoyer sur le site de l’ANTAI pour contester son amende. Pour le chef de la division formation digitale à la direction générale de la police nationale, Eric Chartier, « cette pédagogie impliquante et interactive permet de se former à l’abri du jugement de ses pairs, de tester des stratégies, y compris les moins adaptées pour mesurer les conséquences négatives que cela engendre ». Il poursuit : « Même si la pression des usagers reste virtuelle, la pression ‘simulée’ (bientôt avec un casque de réalité virtuelle à 360° et en 3D) permet de recréer partiellement les atmosphères que le policier aura à gérer dans sa vie professionnelle. Enfin, l’agent pourra rejouer autant de fois qu’il le souhaite car les centaines de combinaisons possibles lui permettront de tester un nombre considérable de stratégies, très difficilement imaginables en formation présentielle. »
Un autre module de jeu sérieux pour la formation continue au sein de la police doit être développé dans les semaines qui viennent. Il sera spécifiquement consacré à l’accueil de victimes de violences sexistes et sexuelles.
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