Les syndicats de l’Education nationale ont-ils signé une motion contre la vaccination obligatoire ? – Libération

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Contrairement à ce que peuvent laisser penser le mail largement diffusé au sein des personnels de l’Education nationale, tous les syndicats ne soutiennent pas l’initiative de FO. (Sophie Carrère/Sophie Carrère)
Lundi, l’ensemble des personnels de l’Education nationale (plus d’1,1 million de personnes) ont reçu le même mail sur leur boîte professionnelle, via un canal dédié aux syndicats. «Retrait de l’obligation vaccinale (motion adoptée par 220 personnels)», disent les caractères blancs sur fond rouge. Si le courrier a été envoyé par la fédération nationale de l’enseignement et de la culture et de la formation professionnelle Force ouvrière, d’autres organisations sont citées dans le texte.
«Nous sommes 221 infirmiers, psychologues, médecins, personnels administratifs, enseignants, AESH [accompagnants des élèves en situation de handicap, ndlr], AED [assistant d’éducation], CPE [conseiller principal d’éducation] et chefs d’établissement de l’Education nationale, ceux qui les soutiennent, syndiqués FO, CGT, FSU, SGEN-CFDT, UNSA, Action et démocratie, non syndiqués, vaccinés, non vaccinés et parents d’élèves», lit-on dans la motion. «Réunis à l’initiative du Syndicat national FO des infirmiers de l’Education nationale (SNFOIEN) et de la Fnec FP-FO», les signataires dénoncent «fermement» les suspensions de personnels de l’Education nationale pour non-respect de l’obligation vaccinale contre le Covid-19. Ils demandent ainsi la suspension des textes qui portent cette obligation, notamment la loi du 5 août 2021.
Contrairement à ce que peuvent laisser penser ces lignes, tous les syndicats de l’Education nationale ne soutiennent pas cette initiative. Et certains ne la goûtent ni sur le fond ni sur la forme : «Nous avons fait savoir à FO que nous désapprouvions la méthode consistant à mettre en avant l’appartenance syndicale de signataires qui ne représentent pas leur organisation en laissant éventuellement penser que l’Unsa serait sur cette ligne», nous écrit par exemple l’Union nationale des syndicats autonomes de l’Education nationale. D’autant que l’Unsa éducation «pense que la vaccination du plus grand nombre est essentielle pour nous protéger collectivement» et «ne remet pas en cause la loi du 5 août 2021».
Idem à la Fédération syndicale unitaire : «La FSU n’a pas participé à cette réunion en tant qu’organisation et nous ne sommes donc pas signataires de cette motion, comme nous l’avait fait savoir à FO en déplorant les méthodes utilisées. Nous considérons que la vaccination la plus large possible, avec une campagne incitative, est un outil incontournable pour faire face à l’épidémie […] Nous ne demandons pas l’abrogation de la loi du 5/08.»
Au syndicat général de l’Education nationale (Sgen-CFDT), on n’hésite pas à dire que les adhérents qui ont participé à la réunion préalable à cette motion de FO «ont été abusés», car ils n’avaient pas idée que le texte serait envoyé à tous leurs collègues. «Le Sgen-CFDT considère que la vaccination la plus large est un des éléments pour faire face à la pandémie», avec d’autres mesures (amélioration de la qualité de l’air, fourniture de masques…). Ainsi, nous écrit le syndicat, celui-ci «n’est pas demandeur d’une abrogation [de la loi du 5 août], et [n’est] pas signataire de cette motion».
Du côté de la CGT, sans y adhérer explicitement, on est plus proche de la position de la motion : «Effectivement, notre organisation est citée, comme d’autres, du fait de la présence de syndiqué·e·s de notre organisation lors de la réunion dont émane cette motion. En revanche, notre organisation n’était pas partie prenante de la réunion. Nous sommes favorables à la vaccination et à toute campagne permettant d’emporter la conviction des plus réticents, mais opposé·e·s à l’obligation vaccinale», nous écrivent les cosecrétaires généraux de CGT Educ’action.
A quels fonctionnaires de l’Education nationale s’applique la fameuse loi portant obligation vaccinale ? Sur son site, le ministère dresse la liste suivante : «Aux médecins de l’éducation nationale, médecins du travail, personnels infirmiers de santé scolaire ou de santé au travail […] aux psychologues de l’éducation nationale et aux psychologues du travail […] aux personnels, notamment de secrétariat ou d’entretien, exerçant leur activité dans les mêmes locaux que les professionnels de santé et les psychologues […] aux personnels, notamment de secrétariat ou d’entretien, exerçant leur activité dans les services de prévention et de santé au travail […] aux internes et externes en médecine et aux stagiaires infirmiers […] au personnel exerçant dans les établissements de santé […] au personnel exerçant dans les établissements et services médico-sociaux.» Aussi, «un professionnel remplaçant est soumis à la même obligation vaccinale que la personne qu’il remplace».
De combien de personnes parle-t-on ? «Cela représente 7 700 infirmières, 8 000 psychologues de l’Education nationale (premier et second degrés) et environ 800 médecins», nous écrit l’Unsa. Même réponse de la CGT, qui chiffre les publics concernés à un peu plus de 16 000 personnels.
Parmi eux, «entre 100 et 200» psychologues feraient l’objet de suspension, estime l’Unsa. Qui nous fait aussi part de remontées d’informations venues du syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé (Snies Unsa), selon lesquelles «60 infirmières en métropole, hors départements et régions d’outre-mer» seraient également suspendues. Enfin, «le nombre serait beaucoup plus faible concernant les médecins scolaires», complète l’Unsa. «Nous n’avons pas de données consolidées et confirmées par le ministère», prévient la CFDT, tout en donnant la même fourchette : «Sans doute entre 200 et 300 agents ont été suspendus.»
En l’état, le processus pour un agent qui refuserait de se faire vacciner est le suivant, selon le site du ministère de l’Education nationale : «A sa demande et dans la mesure où c’est compatible avec les nécessités du service public, [il] peut recevoir une affectation temporaire dans un emploi ou un lieu de travail la dispensant de l’obligation vaccinale. A défaut, son employeur la suspend dans l’intérêt du service pour des raisons d’ordre public, afin de protéger la santé des personnes.»
Sans revendiquer leur réintégration comme le fait la motion de FO, la CGT et la CFDT déplorent le manque de dialogue entre les administrations et les fonctionnaires refusant la vaccination. «Nous demandons au ministère de faciliter la possibilité pour les agents concernés d’avoir accès à des alternatives y compris hors du ministère via des détachements et des disponibilités», appuie la centrale réformiste. «Nous exigeons que les personnels soumis à cette obligation se voient proposer des solutions d’affectation sur d’autres missions, revendique de son côté la CGT. Nous exigeons qu’aucun personnel ne soit suspendu avec perte de salaire.» Contacté ce mercredi soir, le ministère de l’Education nationale n’a pour l’heure pas répondu à nos questions.
Mise à jour le 3 décembre à 8h47 : ajout de la réponse de la FSU
Mise à jour le 3 décembre à 9h30 : contrairement à ce que nous écrivions initialement, ce n’est pas la CGT mais la CFDT qui nous a communiqué une fourchette estimant le nombre de suspensions.
© Libé 2021
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