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15 février 2022 | Social
Le mardi 8 février se tenait le colloque « Entreprise et transition écologique et numérique inclusive » organisé par le think tank & action lab #Leplusimportant. La CFTC était présente en la personne de son président, Cyril Chabanier, pour parler de transition numérique, d’emploi et d’inclusion professionnelle.
Selon la troisième édition du rapport sur l’avenir des emplois du Forum économique mondial (FEM), 50 % de tous les employés auront besoin d’une requalification d’ici 2025, à mesure que l’adoption des technologies augmentera. Mais la crise du Covid-19 a déjà précipité employeurs et salariés dans le « monde d’après » puisque, toujours selon le rapport, depuis 2020, 80 % des patrons ont eu recours au télétravail et à la numérisation des processus de travail. Pour les entreprises, faire face à la transition numérique est plus que jamais impératif. Or elle transforme profondément le contenu des emplois, et les compétences requises.
La digitalisation des activités et l’évolution des technologies liées à la transition numérique (robotisation, IA, blockchains, big data, etc.) ont un impact important sur l’emploi et les besoins en compétences de pans entiers de notre économie. Selon l’étude internationale « Automatisation, numérisation et emploi – Tome 1 » du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), près de 10 % des emplois, dans le monde, « présentent un cumul de vulnérabilités susceptibles de menacer leur existence dans un contexte d’automatisation et de numérisation ». La Commission européenne estime d’ailleurs à 2 millions le nombre d’emplois créés en France par l’économie numérique depuis 10 ans, et à 1,75 millions le nombre d’emplois nouveaux attendus d’ici 2030 dans le domaine des TIC[1]. La transition numérique représente également 80 000 emplois non pourvus chaque année dans le numérique faute de profils formés[2]. Enfin, la Commission européenne estime à 90 millions le nombre d’employés ayant besoin d’être formés en compétences numériques en Europe.
Pour Cyril Chabanier, il est donc primordial d’accompagner cette transition, qui, désormais, concerne aussi bien les ouvriers que les cadres. Compte tenu de l’ampleur, et de l’urgence, des besoins de transformation, les entreprises ne pourront trouver les compétences dont elles ont besoin sans un effort massif de formation et d’accompagnement des travailleurs. Parallèlement, elles doivent maintenir l’employabilité de leurs travailleurs, dont les emplois vont disparaître ou les compétences devenir obsolètes. Il faut donc former tout le monde et tout le temps : des formations qualifiantes, certifiantes et diplômantes afin de répondre aux (futurs) besoins du marché de l’emploi.
[1] Technologies de l’information et de la communication
[2] Étude du COE, Automatisation, numérisation et emploi, 2017
Maxime Dumont : « La formation n’est pas un but mais un moyen pour arriver à l’emploi »
Mais attention, qui dit nécessité de se (re)former dit anticipation de l’accompagnement et de la formation. Non seulement le degré de préparation à la transition numérique est très variable, mais ses impacts sont souvent mal estimés et donc mal anticipés. Anticiper ces transformations est un enjeu crucial pour les entreprises. Crucial pour :
Notons également l’importance de la notion de régulation, sans laquelle, pour le président de la CFTC, nous risquons de faire face au pire de la transformation numérique. Car si le travail peut être « augmenté », il peut aussi devenir « enchaîné ». Ce pourquoi la CFTC revendique la notion de « travail enrichi ».
Faciliter l’adaptation des travailleurs à ces nouveaux besoins en compétences est donc une priorité majeure. À la fois sur le plan économique, pour garantir la compétitivité des entreprises, et sur le plan social, pour permettre à chacun de garder sa place sur le marché du travail.
Loin d’être opposés, ces deux impératifs de compétitivité et d’inclusion professionnelle sont au contraire étroitement liés. Investir dans les compétences s’impose comme un levier de performance et de compétitivité renouvelées pour les entreprises. D’ailleurs, la littérature économique le confirme : les gains de productivité pour les entreprises qui investissent dans la formation de leurs employés se situent entre 6 % et 8 %. Pour faire face à la transition numérique, les entreprises doivent d’abord répondre au grand défi de la transition des compétences. Autrement dit, notre économie ne pourra relever ce défi de la transition numérique que si elle relève celui de l’inclusion professionnelle.
Mais si la transition des compétences confronte les entreprises à des enjeux RH multiples et simultanés (gérer les tensions de recrutement dans les métiers du numérique, prévenir les risques de déqualification face à l’obsolescence des compétences, préparer les reconversions professionnelles vers des métiers nouveaux, sécuriser les parcours de carrière, favoriser l’apprentissage continu pour assurer la montée en compétence, etc.), l’appui à l’accompagnement et à la formation ne pourra se faire que par un dialogue social fort au niveau de la branche et de l’entreprise.
Numérique : à quoi ressemblera le travail de demain ?
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