AFEST : quelques ajustements réglementaires pour transformer l'essai (Marc Dennery) – Centre Inffo

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Par Marc Dennery, directeur associé de C-campus.
Par Centre Inffo – Le 11 mars 2022.
En faisant le bilan de la loi du 5 mars 2018, les partenaires sociaux ont ouvert la voie à une réforme de la formation professionnelle articulée autour de 7 grands thèmes et de 49 propositions :
Les prochaines échéances électorales sont une opportunité pour toutes les parties prenantes de s’exprimer et de suggérer des évolutions de notre système de formation professionnelle et d’apprentissage.
Dans le cadre de sa mission publique d’information et de contribution au débat public, Centre Inffo rend d’ores et déjà compte du point de vue des candidats, des élus régionaux, des partenaires sociaux, des organisations professionnelles, des professionnels, etc.
De manière complémentaire, dans un esprit de débat éclairé, nous souhaitons aussi donner la parole à des experts reconnus et publier leurs contributions en prenant appui sur nos différents supports d’information, spécialisés et reconnus des acteurs de la formation professionnelle continue, de l’apprentissage et de l’évolution professionnelle.
L’AFEST est un beau succès de la loi « avenir professionnel ». L’engouement suscité du côté des entreprises, des formateurs et financeurs en témoigne. Avec la crise sanitaire, les entreprises ont privilégié la digitalisation des formations. Mais elles ont, en même temps expérimenté, parfois à grandes échelles, l’AFEST.
Les premiers retours d’expérience sont très encourageants : engagement des apprenants appréciant de se former hors cadre classique, implication du management dans la formation de leurs collaborateurs et émergence de nouveaux acteurs de formation (accompagnateurs et référents AFEST), sur qui l’entreprise peut capitaliser pour développer des pratiques d’organisation apprenante.
Pour faire de ces expérimentations des succès, il faudra cependant lever deux obstacles réglementaires majeurs.
A cause de tergiversations du pouvoir législatif, l’AFEST n’est pas entrée de droit dans le champ de la formation en apprentissage. Certes, des CFA, par des voies détournées ont pu l’expérimenter, mais l’article D. 6313-3-2 relatif aux AFEST ne s’appliquant qu’aux actions de formation (et non à l’ensemble des actions de développement des compétences), l’AFEST reste embryonnaire dans le domaine de l’alternance. Or, l’AFEST est une innovation essentielle qui peut (re)donner à l’apprentissage ses lettres de noblesse pédagogiques. Elle repose sur une pédagogie de la réflexivité : la capacité de l’apprenant à transformer son activité en expérience apprenante, en portant un regard réflexif sur sa pratique. Du tutorat à très haute valeur ajoutée !
Intégrer l’AFEST dans un parcours d’apprentissage, c’est parvenir enfin à la « vraie » formation en alternance, celle où le parcours en entreprise n’est pas juxtaposé à celui en école, mais intégré.
Le prochain gouvernement n’aurait qu’à changer un terme pour surmonter cette difficulté : substituer « formation » par « développement des compétences ».
Entreprises et organismes de formation ont été incités à développer l’AFEST par les financeurs. Mais ces financeurs sont restés sur le modèle classique des prises en charge de formation. Or, les coûts d’une AFEST sont construits à l’opposé de ceux d’une formation présentielle.
La préparation et l’organisation d’une AFEST sont coûteux, tandis que les coûts de réalisation sont quasiment nuls. L’apprenant peut apprendre en semi-autonomie. Les temps de guidance sont assurés par le management, des accompagnateurs ou référents AFEST, impliquant rarement l’achat d’accompagnement externe.
Pour amener les entreprises à « passer à l’échelle » en AFEST, les financeurs devraient changer de modèle de prise en charge. Leur priorité devrait être le financement du « système qualité d’AFEST » et non celui des actions elles-mêmes. Concrètement, ils devraient pouvoir financer demain tout ce qui concourt à l’établissement d’AFEST de qualité : analyse du travail, ingénierie pédagogique, certification des acteurs internes ou externes de l’AFEST, digitalisation des outils de traçabilité, etc.
Concrètement, cela pourrait conduire le Législateur à réserver une enveloppe budgétaire pour les entreprises de moins de 500 salariés au titre de l’investissement, non pas en formation en situation de travail, mais dans la mise en place d’organisations favorisant le déploiement d’AFEST.
A terme, cet investissement dans l’organisation de la formation des petites et moyennes entreprises pourrait être très rentable pour les pouvoirs publics en réduisant fortement les prises en charge d’actions de formation futures.
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